"Un jour se perd… ", d'Octavio Paz

Le soleil couchant, au cœur du désert de Sonor, situé au nord du Mexique  ©AFP - Hector Mata
Le soleil couchant, au cœur du désert de Sonor, situé au nord du Mexique ©AFP - Hector Mata
Le soleil couchant, au cœur du désert de Sonor, situé au nord du Mexique ©AFP - Hector Mata
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Prix Nobel de littérature en 1990 et très engagé politiquement, le grand poète mexicain Octavio Paz a parcouru le monde, et les possibilités du langage poétique en abordant les thématiques de l'amour, l'irréalité et l'existentialisme.

Avec

"Un jour se perd…", d'Octavio Paz, issu du recueil Liberté sur Parole. 

Lecture : Loïc Corbery, de la Comédie-Française

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Un jour se perd
Dans le ciel fait à la hâte
La lumière ne laisse pas de trace dans la neige
Un jour se perd
Ouvrir et fermer les portes
La graine du soleil s’ouvre sans bruit
Un jour commence
Le brouillard grimpe la colline
Un homme descend la rivière
Ils se rencontrent dans tes yeux
Et toi tu te perds dans le jour
Chantant dans le feuillage de la lumière
Tintent les cloches au loin
Chaque appel est une vague
Chaque vague ensevelit à jamais
Un geste un mot la lumière contre le nuage
Tu ris et te peignes distraite
Un jour commence à tes pieds
Cheveux mains blancheur ne sont pas des noms
Pour ces cheveux cette main cette blancheur
Ce qui est visible et palpable l’extérieur
Ce qui est intérieur et sans nom
 tâtons se cherchent en nous
Suivent la marche du langage
Passent le pont que leur tend cette image
Comme la lumière entre les doigts ils glissent
Comme toi-même entre mes mains
Comme ta main avec mes mains ils s’entrelacent
Un jour se lève avec ces mots
Lumière qui mûrit jusqu’à devenir corps
Ombre de ton corps lumière de ton ombre
Maille de chaleur peau de ta lumière
Un jour commence dans ta bouche
Le jour qui se perd dans nos yeux
Le jour qui s’ouvre sur notre nuit 

L'Atelier fiction

Poète, essayiste, traducteur et diplomate mexicain, à moitié andalou, Octavio Paz est né en 1914 à Mexico. Son œuvre est multiforme, et reflète la richesse d’une vie passée à parcourir le monde. Elle est traversée par l’Histoire et sa violence, l’engagement antifasciste, les questionnements sur les civilisations, influencée par les cultures orientales, mais aussi les poètes nord-américains, les surréalistes français dont il a été proche ou encore la poésie baroque espagnole. Il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1990. Il est mort à Mexico en avril 1998.

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