"Le Rouge et le Noir" : Stendhal parle aux âmes sensibles

Portrait de Stendhal ©Getty - Culture Club / Contributeur
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Chaque jour, nous vous donnons à entendre et à comprendre un grand texte de notre patrimoine littéraire. Aujourd’hui : "Le Rouge et le Noir" de Stendhal.

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La Passion est de retour avec Le Rouge et le Noir. Écrivain atypique du XIXᵉ siècle, Henri Beyle, dit Stendhal, connut une vie aventureuse, et ne cessa jamais de courir après une certaine idée du bonheur. Il l’écrit d’ailleurs : "Où trouver des mots pour le peindre, ce bonheur parfait ?", dans son autobiographie inachevée, Vie de Henry Brulard. "Un bonheur goûté avec délices par une âme sensible jusqu'à l'anéantissement et la folie ?"

Né à Grenoble, six ans avant la Révolution française, enfant au caractère apparemment  "atroce", en conflit avec son père, il fuit la province pour Paris, où il passe le concours de l’École Polytechnique. Il débarque dans la capitale en 1799, au lendemain du coup d’État de celui qu’il admire tant : le général Bonaparte, désormais Premier Consul.

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Stendhal ne veut pas d’une vie bien rangée. Il cherche le mouvement, le rebondissement, l’amour et le succès. Il délaisse alors son projet d’étude et s’engage dans la campagne d’Italie. Stendhal tombe amoureux de ce pays, où il passe une grande partie de sa vie. Sous l’Empire, il mène une brillante carrière militaire. Après la chute de Napoléon, à Milan, puis à Paris, il se consacre à l’écriture. Il est finalement nommé consul à Civitavecchia, dans les États pontificaux. Malade, il retourne à Paris en 1841 où une crise d’apoplexie le foudroie dans la rue au soir du 22 mars 1842. Sur sa tombe, on lit cette  épitaphe rédigée en italien : "Arrigo Beyle, milanese, scrisse, visse, amo" ("Henri Beyle, milanais, j’ai écrit, j’ai observé, j’ai aimé."). Aujourd’hui encore, son nom est associé à un certain art de vivre : le "beylisme".

"La France telle qu'elle est en 1830"

L’œuvre de Stendhal est très variée. Des romans (Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme, Lucien Leuwen…), des textes autobiographiques (Souvenirs d’égotisme, Vie de Henry Brulard, le Journal), ou encore des essais (Racine et Shakespeare, ouvrage dans lequel Stendhal s’engage aux côtés de Victor Hugo dans la bataille contre le théâtre classique)...

Publié en 1830, Le Rouge et le Noir est son second et son plus célèbre roman. L’idée du livre lui vient lors d’un voyage dans le Midi de la France un an plus tôt, "dans la nuit du 25 au 26 octobre", prend-il soin de préciser. S'il pense d’abord l’intituler Julien, comme son héros, il change son titre en cours de route. Quant à l’intention du roman, il la résume ainsi au libraire Vieusseux : "Je vous enverrai en septembre un roman intitulé Le Rouge et le Noir, dont la prétention est de peindre la France telle qu’elle est en 1830". À travers le parcours de Julien Sorel, c’est d’abord la France de Charles X que le romancier a voulu "peindre", voire "chroniquer", selon le sous-titre du roman.

Réalisme subjectif

Si quelques citations célèbres illustrent sa poétique romanesque, comme "la vérité, l’âpre vérité" (épigraphe, empruntée à Danton, qui inaugure Le Rouge et le Noir), Stendhal a été un peu vite rattaché au mouvement réaliste, alors que son approche se distingue de celle de Balzac. Il ne tient pas à l’exactitude documentaire ou à l’exhaustivité descriptive ; le récit se nourrit chez lui des interventions du narrateur, qui nous fait partager son regard critique sur la situation. À son propos, il faut donc plutôt parler de "réalisme subjectif".

Le Rouge et le Noir est une sorte de roman d’apprentissage, qui retrace le parcours d’un jeune homme, Julien Sorel. "Le fils du charpentier" cherche à échapper à ses origines sociales et à sortir de Verrières, la petite ville de province où il a grandi, pour faire carrière. Si Julien rêve d’abord de succès militaires, devenir prêtre va s’imposer comme le chemin le plus court pour se hisser socialement.

Notre extrait, le chapitre 2 de la deuxième partie, retrace la découverte par le jeune Sorel de l’Hôtel de La Mole et "son entrée dans le monde" codifié de l’aristocratie parisienne. Il vous est raconté par le comédien Micha Lescot, dans une lecture enregistrée chez lui la semaine dernière, tout spécialement pour "Ecoutez, révisez!".

Pour aller plus loin

"Ecoutez, révisez" : une émission pour préparer l'oral du bac de français

Ecoutez, révisez... Allongé ou débout, dans votre cuisine ou votre chambre à coucher,  confinés, lisez ou relisez vos classiques et, pour les moins de 18    ans,   préparez vous aux épreuves du bac en vous plongeant dans les   plus belles  pages de la littérature française.

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Générique : Balanescu Quartet, "Model", Possessed

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