La poésie, antidote des confinés

Représentation de John Milton dictant un poème à ses filles au XIXè siècle ©Getty - clu
Représentation de John Milton dictant un poème à ses filles au XIXè siècle ©Getty - clu
Représentation de John Milton dictant un poème à ses filles au XIXè siècle ©Getty - clu
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Quatrains et alexandrins reprennent de leur superbe. Amie des emprisonnés, la poésie apaise et fait tomber les cloisons de l’enfermement. Et pourquoi pas continuer une fois le confinement levé ?

Le confinement vous oppresse ou vous déprime ou les deux voire même pire, il est une forme artistique particulièrement appropriée pour vous soulager, c’est la poésie. Pas étonnant que celle-ci se soit imposée un peu partout en ces temps de claustration mondialisée.

Ce n’est pas nouveau mais cette expérience historique le prouve encore une fois, la poésie est sans doute le meilleur antidote au confinement. Voilà ma théorie.

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La poésie, une ouverture du langage et de l’horizon 

L’équipe du théâtre de la Ville à Paris a même constitué un « Vidal » poétique. A savoir un recueil de 100 poèmes, pensé sur le modèle du dictionnaire médical, où chaque poésie tente de répondre comme un médicament à un état ou un symptôme. A travers des « consultations poétiques » menées par des acteurs et des actrices par téléphone, une chaîne curative s’est ainsi engagée.

Personnellement si la suffocation me gagne, Paul Valéry et son si célèbre vers du « Cimetière Marin » me seront toujours d’un grand secours : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ».

La poésie ouvre le langage et l’horizon, créée un espace-temps là où il s’est dilué, et laisse libre cours aux interprétations. Cette forme décloisonnée par excellence par rapport à un fil narratif ou une analyse a donc été largement appelée à la rescousse.

Impossible de répertorier ici toutes les propositions, mais des vers préexistants qui ont été largement partagés et envoyés, aux « poèmes de confinement » ad hoc en passant par les « poèmes à crier par la fenêtre » : la poésie est venue partout offrir précisément d’autres fenêtres que celle des écrans.

La poésie, langage universel des confinés ? 

Avec cette dimension curative que j’évoquais tout à l’heure comme apaisement ou comme évasion mais aussi comme réponse à une surabondance d’analyses qui ne laisserait pas aux pensées le temps de naître. Ce qui peut renforcer le sentiment d'enfermement.

Dans la nouvelle revue française de mars, le poète Jean-Pierre Siméon analyse le retour du refoulé poétique avec des mots qui ont parfaitement devancé ce que nous allions vivre.  « Il se trouve (écrit-il) que dans le brouhaha et la logorrhée accablants des discours en tout genre, face à la vanité des langages conceptuels et technologiques omniprésents dont tout un chacun ressent aujourd’hui leur éloignement fatal de la réalité vécue, la langue des poètes est soudain intimement éprouvée comme une parole de vérité protégée de tout statut d’autorité par son évidente et native fragilité »

C’est un article du journaliste Nicolas Dutent dans Marianne qui m’a mis sur la piste de ce très beau texte, alors qu’il entendait répondre à une présentation de la poésie comme un « flash plus facile à lire qu’un roman ».

Non la poésie n’est pas un flash, si ce n’est qu’elle a effet éclair sur le moral des confinés. Et à ce titre, on ne saurait qu’en conseiller une posologie illimitée.

par Mathilde Serrell 

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