Judith Butler, trouble dans le féminisme : épisode • 4/5 du podcast Avoir raison avec... Judith Butler

Pour la journée internationale de la femme le 8 mars 2020 à Paris. ©AFP - Noémie Coissac
Pour la journée internationale de la femme le 8 mars 2020 à Paris. ©AFP - Noémie Coissac
Pour la journée internationale de la femme le 8 mars 2020 à Paris. ©AFP - Noémie Coissac
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Raphaël Bourgois reçoit aujourd'hui la philosophe Elsa Dorlin pour aborder la question du féminisme qui est évidemment aussi un engagement politique.

Avec
  • Elsa Dorlin Philosophe, professeure de philosophie contemporaine à l’université de Toulouse Jean Jaurès

De toutes les grandes figures de la pensée américaine dont il a été et sera question dans cette série « Avoir raison avec… » cet été sur France Culture, Judith Butler est la seule encore vivante, la seule donc à ne pas avoir fini d’écrire, de s’engager, et peut-être d’évoluer.

Depuis le début de cette série, il a été question chaque jour de l’importance de l’engagement féministe de Judith Butler, fondement de sa pensée. On l’a vu, la philosophe américaine s’adresse d’abord aux féministes de son temps, pour les enjoindre à ne plus confondre le sexe et le genre, à ne plus fonder leur combat politique légitime pour l’égalité sur une représentation normée de la femme. Cela ne signifie pas que sexe et genre n’ont aucun lien, mais il s’agit d’ouvrir la possibilité de repenser ce lien, par exemple dans une perspective lesbienne et queer.

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La question est éminemment politique, elle met en jeu la constitution de chacun et chacune comme sujet, la grande affaire de Judith Butler qui s’inscrit en cela dans le sillage de Michel Foucault. Mais contrairement au philosophe Français, elle ne s’attache pas à montrer l’historicité de cet enjeu de la constitution du sujet. C’est le grand apport théorique du concept de performativité inspiré des travaux de John Austin sur le langage, mais aussi de la psychanalyse de Freud à Lacan.

Les réactions ont parfois été vives du côté des féministes, on citera notamment Martha Nussbaum et Nancy Fraser, l’une reprochant à Judith Butler de mal comprendre le concept de performativité et de priver les femmes de certains outils de résistance, l’autre d’être trop théorique et donc trop éloignée du combat féministe au quotidien.

Pourtant, Judith Butler reconnaît volontiers que le féminisme, ce n’est évidemment pas que de la théorie : c’est un mouvement, un engagement politique qui a sans cesse été informé par la pratique. Et ce qui vaut pour le féminisme vaut d’ailleurs aussi pour d’autres formes d’engagements de Butler, là où la lutte contre les mécanismes de domination est en jeu : le racisme, la démocratie, les réfugiés, la question palestinienne.

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