Auto-défense

Cours d'auto-défense. ©Getty - Westend61
Cours d'auto-défense. ©Getty - Westend61
Cours d'auto-défense. ©Getty - Westend61
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En France, huit femmes sur dix ont déjà été confrontées à une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue ou les transports en commun. Naïma, Claire ou Marion ont décidé de ne pas accepter la violence verbale ou physique en suivant des cours d'auto-défense.

Au cours de leur vie, huit Françaises sur dix (81%) ont déjà été confrontées à au moins une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue ou les transports en commun. Et pour nombre d’entre elles, il ne s’agit pas d’une expérience lointaine qui remontrait à des années : une femme sur quatre (26%) y a été confrontée au cours des douze derniers mois. (source : Ifop)

Cela va des regards insistants, aux sifflements salaces, aux insultes verbales ou visuelles, en passant par des pressions ou menaces psychologies, et cela peut aller jusqu'à l'exhibitionnisme, à l'agression physique et au viol. Une femme sur trois a déjà été victime d’insultes verbales ou visuelles à caractère sexuel, 8% d'entre elles ont vécut cela au cours des douze derniers mois. Les signalement de viols et d'agressions sexuelles sont en très grande majorité rapportés par des femmes et sont en très forte augmentation depuis le début de l'année 2020. Pour elles, les violences dans la rue, dans les transports en commun et sur leur lieu de travail, s'ajoutent aux violences conjugales ou subies dans la famille dès l'enfance, l'adolescence. 

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Depuis le confinement en mars 2020, les chiffres sont alarmants : les signalements pour faits de violence familiale et conjugale ont augmenté de 32% hors Paris, et de 36% à Paris, et ce durant la première semaine de confinement. L'insécurité chez les femmes a dramatiquement été renforcé pendant le confinement avec des rues désertées et aucune enseigne ouverte pour se réfugier. Il y avait moins de victimes potentielles dans les rues, moins de témoins et les groupes d'hommes étaient bien souvent plus prompts à braver les interdictions de sortir. 

Je ne veux pas être une proie sur pattes dans la rue. Je ne suis pas une victime avec un panneau. Je veux que les gens mal intentionnés trouvent du répondant. 

Les associations et structures proposant des cours d'auto-défense sont de plus en plus nombreuses et au cours des deux dernières années, le nombre d'inscriptions n'a fait qu'augmenter. L'auto-défense féminine s'inscrit dans une démarche de remise en question de l'ordre du genre, qui établit que le féminin serait comme ceci et le masculin comme cela. Ainsi, l'auto-défense permet d'identifier les sources de violences et de remettre la responsabilité sur l'agresseur et non sur l’agressée. 

Les agressions de rue ont un effet direct sur le comportement des femmes : choix de sa tenue, heure du trajet, mode de déplacement, acquisition de moyens de défense (spray au poivre, etc.) Autant de considérations qu'un homme, bien souvent, n'a pas à avoir. On remarque que les femmes sont deux fois plus nombreuses a avoir été agressées dans les transports, que dans la rue. 

J’avais très souvent peur le soir dans les transports, je réfléchissais toujours à la manière dont je m’habillais quand je sortais et surtout j’en avais marre de ne pas répondre quand on me faisait des réflexions dans la rue. 

Les femmes pratiquant des cours d'auto-défense racontent qu'elles sont parvenues à se réapproprier l'espace public, elles ont moins peur et parviennent davantage à tenir tête à leurs agresseurs. 

Un jour je me suis fait insultée par un mec en voiture, je l’ai insulté en retour et il s’est arrêté quelques mètres plus loin pour aller à la boulangerie. C’était la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je suis allée le chercher dans la boulangerie, je lui ai dit que c’était très humiliant, que j’étais très en colère et que je voulais qu’il s’excuse. 

Apprendre à se défendre développe l'assurance et peut aider à ne pas se laisser déstabiliser par la violence physique. L'auto-défense c'est aussi la satisfaction de réussir à se protéger, la confiance de savoir quoi faire et quand, la compréhension de sa vulnérabilité et la possibilité de prendre le dessus sur le stress. 

J'étais dans le train, un mec s'assied à coté de moi et met sa main sur ma cuisse en me disant "je suis sûr que t'aimes ça". 

On est obligées de flipper à chaque fois qu'un homme passe a coté de nous, qu'il marche un peu trop vite, qu'il nous colle un peu trop, qu'il nous siffle, qu'il nous insulte parce qu'on veut pas lui donner notre numéro. Au bout d'un moment c'est bon, stop quoi ! 

  • Reportage : Stéphanie Thomas 
  • Réalisation : Alexandra Malka, Vincent Abouchar (et François Caunac)

Chanson de fin : Brand New Start de Concrete Knives. 

1ère diffusion le 8 avril 2013

Merci à Arnaud Denis, Marika Dauvergne, Laurent, Elise, Frédéric, Steeven (les instructeurs) et toutes les femmes des clubs d'auto-défense Lady Systeme Defense et Diana Prince Club.

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