Châle, banjo, hamac, le Magasin du monde est ouvert ! En direct des Rendez-vous de l'histoire de Blois, nous faisons un inventaire : tous les objets racontent une histoire à travers leur processus de fabrication, leur usage, leur circulation et l'appropriation qui en est faite.
- Isabelle de Gaulmyn Journaliste, rédactrice en chef du quotidien La Croix
- Sylvain Venayre Historien, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Grenoble-Alpes
- Laurence Guignard Historienne, professeure d'histoire contemporaine à l'Université Paris-Est Créteil et chercheuse au Centre de recherches en histoire européenne comparée (CRHEC)
- Pierre Singaravélou Historien spécialiste des empires coloniaux et de la mondialisation, professeur au King's College de Londres et à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Il y a bien longtemps, quand il s'agissait de retrouver leur chemin, nos ancêtres utilisaient un drôle d'objet, ils appelaient cela « une carte ». C'était un bout de papier plus ou moins grand, parfois très grand, sur lequel il y avait des dessins, des couleurs. Une carte ! Aujourd'hui, pour retrouver notre chemin, nous avons nos téléphones portatifs, nos smartphones. De même, dans la nuit, dans le noir, nos ancêtres utilisaient « des lampes torches », un drôle d'objet complètement disparu puisqu'aujourd'hui nous avons nos smartphones. Pour écrire par exemple – c'est dingue –, ils utilisaient au moins deux objets : un papier et un crayon. Nous nous avons nos smartphones pour envoyer des textos. Au moment d’additionner ou de soustraire des chiffres, ils ne sortaient pas leurs smartphones, non, ils utilisaient une calculatrice, un petit objet carré avec des touches sur lesquelles apparaissaient les nombres. D'autres utilisaient un boulier. Pourtant, nos ancêtres disposaient d'un autre outil exceptionnel, qui lui n'a pas vraiment disparu, du moins je l'espère : c'était leur cerveau, pour le calcul mental.
Émission en direct du festival Les Rendez-vous de l'histoire à Blois. Pour parler de l'ouvrage Le Magasin du monde - La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jour (Fayard, 2020) nous sommes en compagnie de Pierre Singaravélou, historien spécialiste des empires coloniaux et de la mondialisation. Enseignant d'histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il est chercheur à l’UMR SIRICE et membre de l’Institut Universitaire de France. Il a publié de nombreux ouvrages dont Le Monde vu d'Asie. Une histoire cartographique (avec Fabrice Argounès) (Le Seuil, 2018) et a coédité, avec Karim Miské et Marc Ball, Décolonisations (Le Seuil/Arte éditions, 2020).
Avec nous aussi, Sylvain Venayre, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Grenoble-Alpes. Spécialiste de l’histoire du XIXe siècle, ses travaux portent sur l’histoire des circulations ainsi que sur l’histoire des imaginaires, des sensibilités et des émotions. Il dirige actuellement la collection Histoire dessinée de la France (La Revue dessinée/La Découverte). Il a publié Une Guerre au loin - Annam, 1883 (Belles lettres, 2016) et, avec Xavier Lapray, Écrire la guerre (Citadelles & Mazenod, 2018).
Et, Laurence Guignard, historienne, professeure en histoire contemporaine à l’Université Paris-Est Créteil. Ses travaux portent sur la circulation des objets scientifiques. Elle a publié Antoine Léger l'anthropophage. Une histoire des lectures de la cruauté -1824-1903 (Éditions Jérôme Millon, 2018). Elle nous parlera aussi du lancement d'une nouvelle venue dans le monde de l'édition : La Revue d’histoire culturelle, dans laquelle elle estresponsable de la rubrique “épistémologie en débat”.
Dans le cadre de notre partenariat avec La Croix, nous sommes avec Isabelle de Gaulmyn, sa rédactrice en chef, pour évoquer le dossier du prochain numéro de La Croix L’Hebdo : Management - Et si on s'inspirait des moines ?
Les objets sont sans doute le meilleur biais pour raconter l'histoire de tous les hommes et de toutes les femmes du passé. Contrairement aux œuvres littéraires ou aux œuvres d'art qui sont par définition élitistes, qui excluent les sociétés sans écriture et, jusqu'au XIXe et même au début du XXe siècles, la plupart des populations analphabètes d'Europe occidentale, et bien, les objets sont le dénominateur commun de tous les hommes et de toutes les femmes de la planète. Pierre Singaravélou
Il y a eu plusieurs étapes dans l'historiographie des techniques. On a longtemps imaginé que cette histoire des techniques devait d'abord être une histoire des inventions, rapportée à de grands noms de la science qui les auraient produites. Dans un deuxième temps, on a remplacé le terme d'invention par celui d'innovation sans le rattacher à un grand nom d'inventeur. Puis, dans un troisième temps de cette historiographie, on a plutôt imaginé une histoire de la diffusion et de la réception de ces objets en comprenant que les appropriations des objets par-delà leur innovation participaient également non seulement de leur usage mais aussi de leur essence. Sylvain Venayre
Les objets sont intéressants aussi par les interactions que les gens entretiennent avec eux et qui transforment les individus ainsi que par l'imaginaire dont ils sont porteurs. C'est particulièrement vrai pour le télescope parce qu'on peut parler d'un "imaginaire télescopique" : cette idée qu'on va se rapprocher au plus près des astres lointains sans jamais les toucher. Et ce hoax, cette fausse nouvelle de 1835, est publié par The Sun of New York, dans un article annonçant que John Herschel, aurait vu avec son télescope installé au Cap de Bonne-Espérance, les habitants de la lune. Laurence Guignard
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