Ce que le Covid fait à la science

Scientifique  travaillant sur la recherche de virus en laboratoire ©Getty - skynesher
Scientifique travaillant sur la recherche de virus en laboratoire ©Getty - skynesher
Scientifique travaillant sur la recherche de virus en laboratoire ©Getty - skynesher
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Dans le cadre de la journée spéciale “Ce que le covid fait à la science” prévue aujourd’hui sur les ondes de France Culture, nous essayerons de comprendre avec nos invités les relations étroites qu’il existe entre la santé humaine, animale et environnementale.

Avec
  • Bruno David Naturaliste et paléontologue, a été président du Muséum national d'histoire naturelle de 2015 à 2023, producteur de l'émission "Le Pourquoi du comment : Science" sur France Culture
  • Marylène Patou-Mathis Préhistorienne française, spécialiste des comportements des Néandertaliens et des San

C’est très important pour la science de voir l’avenir dans les jeunes.  Nous sommes face à une baisse d’étudiants dans les sciences. L’intérêt  pour les sciences doit être stimulé. S'il y a de moins en moins des  scientifiques, il va y avoir de la place plutôt au réseau et c’est un  vrai problème. J’encourage également les filles à se diriger dans ces  domaines.La science est à l’honneur aujourd’hui sur les antennes de France Culture. A l’occasion de la fête de la science qui se tient entre le 2 et le 12 octobre, France Culture dédie sa journée à comprendre ce que le covid fait à la science. La pandémie que nous vivons actuellement remet les questions de santé et de recherche au coeur des enjeux sociétaux. Malgré cela, la parole scientifique est loin de faire l’unanimité. Entre défiance et méfiance d’une partie de la population pour ces sujets ou la difficile interprétation du dialogue entre politiques et scientifiques, les raisons d’un manque de confiance sont diverses. Face à un tel constat, peut-on penser que la crise sanitaire renforce la place de la science dans notre société ? Comment influe-t-elle sur la confiance des citoyens ? Que nous apprend la science sur la question de la gestion des pandémies ? 

Pour répondre à ces questions, le président du Muséum d’Histoire Naturelle, Bruno David est notre invité. Il sera rejoint par Marylène Patou-Mathis, préhistorienne, directrice de recherche au CNRS, auteure de “L’Homme préhistorique est aussi une femme”, aux éditions Allary à partir de 8h20.

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Remonter l'Histoire pour comprendre les virus 

On sait que la fonte accélérée du permafrost de plus en plus en profondeur conduit des virus à ressortir, des virus pouvant avoir 50 000 ans, voire plus. Et en ce moment, il y a un gros travail sur les mégas virus. Et là pour nous, c’est extrêmement dangereux car on ne connaît pas bien ces virus, donc il y a un grand danger. Il peut y avoir des pathologies qui surgissent de la Préhistoire. Marylène Patou-Mathis

" À l’époque néolithique, il y a le début de l’élevage qui entraîne une promiscuité entre l’homme et l’animal. Un certain nombre de zoonoses est passé chez l’homme à ce moment-là. Et il ne faut jamais oublier que les virus sont extraordinairement adaptables. Ils mutent sans arrêt, c’est le stade ultime du parasitisme." Bruno David

" Au paléolithique jusqu’à il y a 10 000 ans, on n'a pas de trace réelle d’épidémies. Il faut bien savoir aussi qu'il n’y a pas de grandes populations comme on a pu avoir au néolithique. Il est possible qu’il y  ait eu des virus ou des pathologies importantes qui ont exterminé un  groupe mais nous n'avons pas la trace de tout ça." Marylène Patou-Mathis

La parole scientifique empêtrée dans les discours politiques 

On a un peu oublié depuis le début de la pandémie qu’une intuition n’est pas un fait scientifique, un fait scientifique doit se démontrer. On a oublié aussi que la science n’est pas une affaire de démocratie. Il faut prendre du recul et réintroduire de la rationalité. On a oublié tout cela. Il ne faut pas oublier que la science n’est pas idéologique, il faut séparer les registres. Bruno David

Le gène néandertalien, responsable de la diffusion de la Covid-19 ? 

Les Néandertaliens ont souvent été les boucs émissaires de l’Histoire. Nous avons dit que ce sont eux qui ont amené la  schizophrénie. C’est une population qui a toujours été considérée comme inférieure aux autres. C’est intéressant de constater que la génétique a beaucoup d’emprise sur la recherche sur la Préhistoire. Le génome néandertalien est une chimère. Prenons les Indiens qui ont été très touchés par le virus malgré le fait qu’ils ne possèdent pas le gène néandertalien. Il faut être plus réservé sur la responsabilité du gène néandertalien sur la propagation du virus. Marylène Patou-Mathis

Quels sont les défis que doit relever la science ? 

" On est face à plusieurs défis. Il y a un défi culturel. Comment est-ce que l’on peut parler de sciences à des gens de moins en moins acculturés à la science par leur éducation ou leur instruction. Il y a  un défi éthique qui est comment est-ce qu’on habite la Terre et jusqu’où  va-t-on ? Ça pose des questions d’économie et de consumérisme, de relations à la planète. Et puis il y a un défi numérique." Bruno David

C’est très important pour la science de voir l’avenir dans les jeunes. Nous sommes face à une baisse d’étudiants dans les sciences. L’intérêt pour la discipline doit être stimulé. S'il y a de moins en moins de scientifiques, il va y avoir de la place plutôt au réseau et c’est un vrai problème. J’encourage également les filles à se diriger dans ces domaines. Marylène Patou-Mathis

" La science est devenue de plus en plus compliqué. Chaque chercheur est sur un domaine qui est relativement étroit et c’est difficile de faire passer des messages. La science est devenue une affaire de spécialistes et il faut des passeurs de messages." Bruno David

Un lien entre la santé humaine, animale et environnementale 

La crise de la Covid-19 peut nous amener à être tenté de se débarrasser des espèces porteuses de virus. Mais quand on est face à des pathogènes, il y a une théorie qui s’appelle “Kill the winner” soit tuer le vainqueur. L’espèce qui se met à trop dominer, à être trop présente et nombreuse se met une cible dans le dos. Elle devient l’espèce cible des pathogènes. Si on donne une grande variété d’espèces, les pathogènes vont se distribuer sur l’ensemble de celles-ci mais si on essaie de s’en débarrasser en réduisant la diversité, les pathogènes vont se tourner vers nous. Il faut comprendre qu’il existe un lien entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale. Bruno David

Vous pouvez (ré)écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

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