Matisse et le bonheur de vivre : épisode • 1/4 du podcast Matisse, artiste démiurge

Henri Matisse (1869-1954) dans son atelier à Cannes. À l'arrière-plan son tableau intitulé Figure décorative sur fond ornemental (vers 1926). ©Getty - Keystone France / Gamma Rapho
Henri Matisse (1869-1954) dans son atelier à Cannes. À l'arrière-plan son tableau intitulé Figure décorative sur fond ornemental (vers 1926). ©Getty - Keystone France / Gamma Rapho
Henri Matisse (1869-1954) dans son atelier à Cannes. À l'arrière-plan son tableau intitulé Figure décorative sur fond ornemental (vers 1926). ©Getty - Keystone France / Gamma Rapho
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Comment parvenir au plus près de la vérité de Matisse dont l'œuvre ne cesse de nous émerveiller ? Derrière la fête de formes et de couleurs se cache un homme de chair et de sang. C'est bien l'homme, secret, absorbé par sa propre intériorité, que cette première émission cherche à décrire.

Avec

Pour évoquer la vie d'Henri Matisse nous sommes en compagnie de l’historienne de l’art Anne Théry, qui a rédigé une biographie critique du peintre dans le catalogue de l’exposition « Matisse, comme un roman » (Ed. du Centre Pompidou, 2020).

La vie de Matisse se caractérise d'abord par ceci qu'elle ne correspond pas à ce que la figure du grand artiste moderne laisse attendre. Fils d'un marchand de grains, Henri est pressenti pour succéder à son père. Ce n'est pas la peinture qui, de prime abord, l'intéresse, mais les tissus, les étoffes, à une époque où l'industrie textile est en plein essor près de Bohain-en-Vermandois, la petite ville de l'Aisne où il passe son enfance. 

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Toute sa vie il va collectionner des étoffes, collectionner des bouts de tissu, des tapisseries, et c’est quelque chose qui va le marquer jusqu’à Nice et jusqu’à cet appartement qui ressemble à un petit théâtre miniature. (Anne Théry)

Entre la graineterie de son père, la fascination des tissus et la droguerie de sa mère, le jeune Matisse paraît bien éloigné de sa vocation à venir.

Quand il quitte le foyer, c'est pour faire son droit. Il réussit ces études qui ne le passionnent guère et devient clerc d'avoué à Saint-Quentin. Une autre vie que celle que nous connaissons se dessine pour Henri Matisse jusqu'au jour où, alors qu'il est convalescent à la suite d'une grave maladie, il reçoit une boîte de couleurs de la part de sa mère. 

S'il appartint à un événement fortuit de décider la vocation artistique de Matisse, il semble que ce soit celui-ci. Matisse se met alors à prendre des cours de dessin, à fréquenter les musées où il se délecte des tableaux de Maurice-Quentin de La Tour et de Francisco de Goya. Sa première exposition, en 1896, est un succès. Il en vient à fréquenter ce que le Paris du début du XXème siècle compte de plus remarquable parmi les artistes d'avant-garde : Signac, Renoir, Rodin, Bourdelle.

Sensationnelle par sa longévité et sa continuelle réinvention, la carrière de Matisse court sur six décennies et embrasse tous les horizons : voyages en Algérie, en Bavière, à Tahiti en passant par New York, avant de trouver en Nice le creuset d'où jailliront les œuvres de la maturité. Une carrière marquée également par une incessante expérimentation, à la recherche de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux.

Matisse, ou le bonheur de vivre une vie remplie par l'art.

Cette idée de Matisse peintre du bonheur lui colle vraiment à la peau. A partir des années vingt on voit vraiment Matisse comme un peintre hédoniste, un peintre de la couleur. Et pourtant on peut vraiment relire Matisse différemment. On peut relire Matisse à l’aune d’une certaine inquiétude picturale, je trouve, qui est vraiment sensible dans son travail. Et c’est vrai que le bonheur, pour lui, c’est justement ce travail, c’est parvenir à se dégager des événements du présent, des difficultés du présent par le travail et de permettre au spectateur, justement, d’atteindre cela avec lui. (Anne Théry)

Matisse dans la chapelle qu'il a créée, à Vence (Alpes-Maritimes) entre 1949 et 1951. Les carreaux muraux représentent les étapes du chemin de croix.
Matisse dans la chapelle qu'il a créée, à Vence (Alpes-Maritimes) entre 1949 et 1951. Les carreaux muraux représentent les étapes du chemin de croix.
© Getty - Dmitri Kessel / The Life Picture Collection

La chronique qui fait suite à l'émission du jour est assurée par Guillaume Perilhou, critique littéraire au magazine Têtu. Il nous présente aujourd'hui le roman inédit de Simone de Beauvoir, Les Inséparables, qui vient de paraître aux éditions de l'Herne.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)

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