Mourir d'enseigner la tolérance

Samuel Paty était âgé de 47 ans. Il est mort pour avoir enseigné la liberté d'expression. ©AFP - FREDERICK FLORIN / AFP
Samuel Paty était âgé de 47 ans. Il est mort pour avoir enseigné la liberté d'expression. ©AFP - FREDERICK FLORIN / AFP
Samuel Paty était âgé de 47 ans. Il est mort pour avoir enseigné la liberté d'expression. ©AFP - FREDERICK FLORIN / AFP
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Après l'assassinat terroriste de Samuel Paty le vendredi 16 octobre dernier, Être et savoir donne la parole aux enseignants.

Avec
  • Elsa Bouteville Professeure des écoles
  • Laura Mougel Professeure d’histoire-géographie
  • Karen Prevost-Sorbe Coordinatrice CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information) de l’académie d’Orleans-Tours
  • Kamel Chabane Professeur d'Histoire-géographie au collège (académie de Paris)
  • Iannis Roder Enseignant
  • Christine Guimonnet Professeure d'histoire-géographie, secrétaire générale de l'Association des professeurs d'histoire et de géographie
  • Rachid Zerrouki Professeur en micro-collège à Marseille

Après l’assassinat terroriste de Samuel Paty vendredi 16 octobre, parole aux enseignants dans Etre et savoir. Pour raconter leur travail, évoquer leurs difficultés sans fard pour enseigner l’histoire, la tolérance et la liberté d’expression, et dire ce qu’ils attendent de l’Education nationale et de la société dans son ensemble en terme de soutien.

Nous entendrons 7 professeurs, certains enseignent l’histoire géographie et l’éducation morale et civique au collège comme Samuel Paty : l'historien Iannis Roder, qui est également membre du Conseil des sages de la laïcité et responsable des formations au mémorial de la Shoah, Laura Mougel et Kamel Chabane ; ou au lycée pour Christine Guimonnet, qui est aussi secrétaire générale de l’ APHG (Association des professeurs d’Histoire géographie). Karen Prévost-Sorbe s’occupe spécifiquement d’éducation aux médias et aux réseaux sociaux, elle est coordinatrice CLEMI de l’académie d’Orleans-Tours. Rachid Zerrouki est professeur des écoles et enseigne en SEGPA, Elsa Boutteville en école élémentaire, elle nous dira comment elle enseigne les valeurs de tolérance et l’esprit critique dès les petites classes. 

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Le rôle essentiel du dialogue

Il est primordial d'ouvrir un espace de dialogue avec les élèves et leur famille, rappelle Laura Mougel.

Il n'y aucune raison de refuser les questionnements des élèves, toutes les questions, c'est le rôle de l'enseignant de les recevoir. Iannis Roder

Le dialogue avec les familles est nécessaire, il ne faut pas les exclure de ce rôle-là. Laura Mougel

L'Esprit public
36 min

Et ce dès le plus jeune âge 

Le travail sur l'acceptation de la différence doit commencer dès les petites classes selon Elsa Bouteville.

Dès qu'on entre dans l'école on commence à travailler sur la notion de différence, on pose ces questions-là dès l'entrée en maternelle. Elsa Bouteville

On attend peut-être un peu trop tard pour aborder les questions de religion, on pense souvent que les enfants sont trop jeunes. Elsa Bouteville

La force du collectif 

Il est plus que jamais nécessaire de faire cohésion explique Christine Guimonnet.

On répond en faisant République avec les élèves. Kamel Chabane

Je redoute un peu la rentrée du 02 novembre, je crois qu'il faut s'y préparer de façon collective. Rachid Zerrouki

Samuel Paty c'est nous. Christine Guimonnet

Être et savoir
58 min

L'importance de la formation

Les enseignants n'ont pas assez de formation qui leur présente des cas concrets, selon Laura Mougel.

Je crois que nous avons aussi grandement besoin d'un enseignement laïque des faits religieux, il faut savoir de quoi on parle, aujourd'hui croire on ne sait plus ce que cela veut dire. Iannis Roder

Il faut un solide bagage scientifique, didactique et pédagogique pour répondre aux questionnements des élèves, et régler les problèmes mémoriels qui sont les nôtres. Kamel Chabane

La première fois qu'il m'est arrivée d'être remise en cause sur le contenu de mon enseignement, clairement je n'étais pas prête. Laura Mougel

Ce que peut l'école

"C'est en poursuivant notre travail que nous rendrons hommage à Samuel Paty et sa famille", explique Kamel Chabane.

Oui je m'attendais à ce que l'école soit visée, parce que l'école représente ce qui permet de former des citoyens dans un cadre républicain. Iannis Roder

L'école n'est pas un sanctuaire, les enfants y rapportent les propos de leur famille. Kamel Chabane

Il faut pouvoir émanciper et libérer les élèves de ces pensées dogmatique, c'est un travail sur le long terme. Rachid Zerrouki

Il y a un vrai malaise mais il y a aussi une vraie détermination à ne pas céder. Christine Guimonnet

La République n'est pas un mot, si c'est un mot vide ça ne sert à rien. Christine Guimonnet

14 min

Et ce qu'elle attend 

Christine Guimmonet rappelle la nécessité d'un soutien fort pour les enseignants et d'entraide.

On attend des actes forts, on a besoin d'une vraie revalorisation, du soutien de l'institution et de protection. Christine Guimonnet

Le rôle des réseaux sociaux

Comme l'explique Rachid Zerrouki, dans cette histoire les réseaux sociaux ont joué un rôle de détonnateur.

Ce qui me fait peur aujourd'hui c'est la multiplicité des acteurs qui se met en place. Je parle beaucoup des réseaux sociaux avec mes élèves, je n'ai pas le choix. Rachid Zerrouki

On a depuis quelques années une forte demande de la part des professeurs concernant les réseaux sociaux. Karen Prévost-Sorbe

Retrouvez la tribune de Iannis Roder dans Le Monde du 22 septembre dernier : "C'est à l'école que s'enseignent la République et ses enjeux".

Lien vers l'Association de journalistes bénévoles Entre les lignes.

Illustrations sonores :

  • Imagine, Noa et Khaled (2009).
  • Imagine, John Lennon (1971).
  • Témoignages de parents d'élèves lors de la manifestation en hommage à Samuel Paty Place de la République le dimanche 18 octobre.

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