Monique Canto-Sperber : "Ce retour en classe doit être l'occasion de trouver un langage commun entre tous les élèves"

Salle de classe ©Getty
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Comment l’idéal laïc est-il enseigné ? Est-ce que l’école résisterait mieux avec l’évolution des institutions ? Que peut la pensée libérale contre l’obscurantisme ?

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C’est une rentrée des vacances de la Toussaint qui s’annonce compliquée pour les enseignants, endeuillés par le décès de leur confrère professeur d’histoire-géographie, tué par un islamiste radical après un cours sur la liberté d’expression. Dans toutes les écoles, la lettre de Jean Jaurès sera lue, en hommage à Samuel Paty. Un temps pédagogique sera consacré à la défense des valeurs de la République, de la liberté d'expression et du principe de laïcité. 

Pour en parler, nous recevons Monique Canto-Sperber, philosophe, directrice de recherche au CNRS, Membre du comité d’éthique, ancienne directrice de l’ENS et présidente fondatrice de PSL. Elle est auteure notamment de L'oligarchie de l'excellence : les meilleures études pour le plus grand nombre (PUF) et La Fin des libertés ou comment refonder le libéralisme (Albin Michel).

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L'incroyable actualité de la lettre de Jean Jaurès 

La lettre de Jaurès est très instructive : on s'adresse aux élèves de 2020 en leur citant un texte de 1888, écrit alors que la loi sur la laïcité n'avait pas encore été votée. Le contexte intellectuel et culturel était très différent : peu d'enfants accédaient à l'enseignement secondaire et encore moins au supérieur. Ce texte est actuel et profond car il atteste de la réalité de la tradition française et de la continuité de la transmission, il exprime des valeurs républicaines et est émouvant pour le respect du aux élèves. Cette lettre enseigne aux professeurs de respecter leurs élèves en étant exigent. La vocation de l'école dans une conception républicaine n'a pas changé. 

La polémique entre universalisme et relativisme est une histoire très ancienne. 

Elle se pose évidemment de manière extrêmement aiguë dans un monde multiculturel comme le nôtre. Nous vivons dans une civilisation où plusieurs cultures sont en rapport très étroit les unes avec les autres. Mais ce sont des débats très anciens : on peut en trouver l'origine en philosophie entre l'empirisme et le rationalisme. Je suis en ce qui me concerne plutôt universaliste. Néanmoins, la manière dont les débats se répercutent dans l'opinion publique est autre chose. Les universitaires qui sont à l'origine de ces débats n'en sont pas nécessairement responsables. 

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