Maurice Genevoix sur la Grande Guerre : "Je suis obligé de dire "je" mais je m'efface derrière ce "je"

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Maurice Genevoix sur la Grande Guerre : "Je suis obligé de dire "je" mais je m'efface derrière ce "je"

Maurice Genevoix à son bureau de l'Académie française en 1968.
Maurice Genevoix à son bureau de l'Académie française en 1968.
© Getty - Keystone/Gamma

Fauché par balles le 25 avril 1915 aux Éparges, Maurice Genevoix raconte sur les ondes radiophoniques, les circonstances de sa blessure et de son évacuation à l'occasion du cinquantenaire de la Première Guerre mondiale qui a donné lieu à une série d'émissions sous forme de magazines mensuels.

Ce témoignage de  Maurice Genevoix sur son expérience de la  Grande Guerre est issu du "Magazine mensuel de la première guerre mondiale" diffusé tout au long du cinquantenaire de la Première Guerre mondiale. Ce Magazine était constitué d'illustrations sonores, de lectures de textes, de commentaires, de tribunes et de témoignages. Voici extraite, dans le volet portant sur l'été 1915, la parole de l'écrivain Maurice Genevoix.

Maurice Genevoix sur sa blessure en 1915 dans le "Magazine mensuel de la Première Guerre mondiale" diffusé le 31/07/1965. Extrait de 10 minutes.

10 min

Rappel des faits. Après les terribles combats des Éparges, son régiment est au repos dans un village de la Meuse. Le 24 avril, l'état major engage un mouvement offensif dans l'axe de la tranchée de Calonne. Son régiment est envoyé sur place avec pour mission de résister le plus longtemps possible à l'attaque allemande, quitte à se faire tuer sur place. Alors qu'il se trouve dans une trouée, il est atteint de plusieurs balles par un tireur allemand. Il est alors évacué jusqu'à Verdun où il est hospitalisé.

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Maurice Genevoix insiste d'emblée, dans ce témoignage, sur le caractère ordinaire de ce qui lui ait arrivé dans les premiers mois de la Grande Guerre : "Qu'il soit bien entendu que c'est un cas parmi des centaines de milliers d'autres. Je suis obligé de dire "je" mais je m'efface en quelque sorte, si paradoxalement que ce soit, derrière ce je".

L'écrivain livre des détails sur ses trois blessures par balles, deux dans le bras gauche et une dans la poitrine : "Il m'a reflanqué une troisième balle qui celle-ci m'a atteint à la poitrine mais qui heureusement m'a galvanisé car j'ai vu en baissant un peu la tête, un trou rouge dans ma vareuse. J'ai pu me traîner à deux mètres de là et l'homme ne me voyait plus. [...] Je n'étais plus qu'un blessé, j'étais hors du coup, très grièvement blessé. Je n'étais plus qu'une épave et il s'agissait d'évacuer cette épave souffrante et misérable".

Maurice Genevoix continue le récit de son sauvetage, transporté en ambulance à cheval jusqu'à Verdun : "C'est un très dur voyage. A chaque chaos j'entendais autour de moi des cris. A un moment-même, un de ces cris avait retenti très proche et je me suis dit : "Quel est l'animal qui gueule comme ça ?" Et la seconde d'après je me suis dit, mais tiens... C'est moi".

  • "14-18 : magazine mensuel de la Première Guerre mondiale - Eté 1915"
  • Première diffusion le 31/07/1965
  • Producteur : Pierre Sipriot
  • Réalisation : Pierre Guinard
  • Archive INA - Radio France
La Compagnie des oeuvres
58 min