Comment s'en sortir sans sortir ? : épisode • 1/4 du podcast Confinés avec... Gaston Bachelard

Que signifie habiter un endroit ? - copyright Anaïs Ysebaert
Que signifie habiter un endroit ? - copyright Anaïs Ysebaert
Que signifie habiter un endroit ? - copyright Anaïs Ysebaert
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Pour Bachelard, la maison est notre coin du monde, un véritable cosmos… Penseur aux deux visages, philosophe des sciences et philosophe-poète, il imagine la maison comme un espace onirique. Mais comment habiter oniriquement ? Comment rêver peut-il nous aider à mieux vivre notre confinement ?

Avec
  • Gilles Hiéronimus Professeur en philosophie, chercheur associé à l’Institut de recherches philosophiques de l’Université de Lyon III et directeur éditorial indépendant

Dessin de Anaïs Ysebaert : Insta @anais.ysebaert

"Logé partout, mais enfermé nulle part, telle est la devise du rêveur de demeures."
Cette phrase se trouve dans La poétique de l'espace, un livre que le philosophe Gaston Bachelard publie en 1957.
Comment la poétique de l'espace de la maison permet-elle d'interroger ce que signifie le fait d'habiter quelque part ? Comment la rêverie, si chère au philosophe, peut-elle aider à mieux vivre dans un espace confiné ?

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De la poésie créatrice du grenier à la coquille protectrice, des vertus des cabanes et des recoins ponctués par les bienfaits du grand air, et si l'isolation temporaire de l'espace social était nécessaire pour mieux s'ouvrir vers l'extérieur et s'engager dans le monde ?

L'invité du jour :

Gilles Hieronimus, professeur dans le secondaire et en classe préparatoire, membre associé de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (Université Lyon III Jean Moulin)
Gilles Hieronimus codirige aux puf, avec Jean Jacques Wunenburger, le programme de la nouvelle édition critique Gaston Bachelard, dont il a établi un des premiers volumes, La poétique de l’espace, paru en mai 2020.

Habiter oniriquement

Pour Bachelard, plus on enferme le psychisme, plus on le dynamise… Ce qui l'intéresse ce n’est pas l’espace abstrait de la science ou des philosophes, ce n’est pas non plus l’espace fonctionnel de l’architecture, mais un autre type d’espace : l’espace onirique… On habite oniriquement… Bachelard soutient le primat de l’imagination sur la raison et la perception. Habiter oniriquement, c’est retrouver la rêverie primitive qui déforme la perception ordinaire et toute représentation rationnelle.    
Gilles Hieronimus

Rêver chez soi permet de mieux habiter

Nous oscillons sans cesse entre la maison réelle et la maison imaginée, nous vivons dans la zone intermédiaire de la rêverie qui se nourrit d’un contact vivant, incarné, avec les éléments naturels dont Bachelard a parlé dans ses ouvrages poétiques antérieurs : l’eau, l’air, la terre, le feu. Pour lui, la rêverie n’est ni le rêve ni la rêvasserie mais une démache active et passive à travers laquelle nous nous rendons receptifs à l’esprit des lieux pour développer une rêverie personnelle. Rêver chez soi permet de mieux habiter.    
Gilles Hieronimus

Texte lu par Vincent Schmitt :

  • Extrait de La poétique de l'espace, de Gaston Bachelard, 1957, chapitre 1 : La maison, de la cave au grenier, le sens de la hutte, aux éditions puf (avec deux musiques de Liszt, Orage, et En rêve)

Sons diffusés :

  • mix d'ouverture avec une archive de Bachelard avec Jean Lescure du 01/01/1949, la chanson de Yorca, Confinés, et la chanson de Keenan mac Kenzie, Our sweet home
  • Archives de Bachelard avec Paule Chavasse, Radio Diffusion française 1959, diffusée le 13/02/1963
  • Lecture d'Adèle van Reeth d'un extrait de Lettres à une Musicienne, deRainer Maria Rilke, (édition posthume : 1998), cité par Gaston Bachelard, dans La Poétique de l’espace (1957), chapitre 1, éditions puf (avec une musique de Art Hodes, South side shuffle)
  • Chanson de fin : Mathieu Boogaerts, Le ciment

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