Faut-il supprimer le « Black Friday » ?

le "Black Friday" à São Paulo en novembre 2019 : ruée vers les téléviseurs  ©AFP - Miguel Schincariol
le "Black Friday" à São Paulo en novembre 2019 : ruée vers les téléviseurs ©AFP - Miguel Schincariol
le "Black Friday" à São Paulo en novembre 2019 : ruée vers les téléviseurs ©AFP - Miguel Schincariol
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Cette année, plus que jamais, le "Black Friday" fait polémique. Mais le "Black Friday" est-il un jour si sombre ?

Cela ne va pas de soi… D’abord parce que beaucoup ne connaissaient pas le Black Friday. Quel nom étrange… ! Jusqu’ici les jours noirs, à l’instar du jeudi noir évoquaient les crises, voici maintenant un vendredi noir censé annoncer de bonnes affaires. Le « Black Friday », placé le jour qui suit la célébration américaine de Thanksgiving, est censé exister depuis 1952. Les experts débattent encore pour savoir à partir de quelle année il s’est mis à représenter le jour le plus long en matière de business, celui qui générerait le plus gros chiffre d’affaire. Si tout le monde est d’accord pour en souligner l’importance, l’origine du nom, elle, pose question. Pourquoi nommer ce "Black Friday" de la même manière qu'une crise alors qu’il s’agit de l’inverse, une gigantesque manifestation annuelle pour sauver -ou renforcer- le capitalisme ? 

Car depuis son origine, le "Black Friday" profite aux gros, que ceux-ci s’appellent Macy’s -quand le monde était encore physique et les magasins de brique- ou bien Amazon, aujourd’hui. Bien sûr, le "Black Friday" porte peut-être son nom pour cause des trottoirs noirs de monde, c’est la première évidence. L’autre explication est que l’on parle de "Black Friday" en raison d’une foule en panique. Le jeudi noir, le jeudi 24 octobre 1929, était ce jeudi ou les boursicoteurs mués en foule paniquée tentaient de vendre des actions. Il est devenu officiellement le premier jour de la crise de 1929. Mais dans un cas comme dans l’autre, qu’il s’agisse du jeudi ou du vendredi noir, ce qui est mis en scène c’est la foule grégaire, celle qui se précipite pour vendre ou pour acheter. La règle consiste à faire comme les autres, partant du postulat qu’il ne sert à rien d’être sage dans un monde devenu fou. Et c’est cela qui est le plus intriguant, le cynisme lié au terme, Black Friday, manière de dire que c’est la pulsion mimétique qui transformera les individus en consommateurs et les consommateurs en foule. Comme durant le jeudi noir, un jeudi noir où les boursicoteurs ont eux-mêmes provoqué la panique qui les a ruinés. Car dans les deux cas, jeudi ou vendredi noir, la foule poursuit sa ruine, et achève cette journée la tête dans le sac. 

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