1973-1974, du pétrole et des idées : épisode • 3/4 du podcast Après la crise, demain est-il un autre jour ?

1974. Un automobiliste norvégien a équipé sa voiture d'un générateur à bois pour économiser du carburant à la suite de la crise du pétrole. ©AFP

Série « Après la crise, demain est-il un autre jour ? »

1973-1974, du pétrole et des idées

Mercredi 18 novembre 2020

1974. Un automobiliste norvégien a équipé sa voiture d'un générateur à bois pour économiser du carburant à la suite de la crise du pétrole. ©AFP

Au lendemain du choc pétrolier, le temps est au bricolage pour les automobilistes. Mais aussi à la réflexion pour l'ensemble de la société. L'écologie s'invite dans le débat politique.

Coup de tonnerre dans un ciel bleu ? À l’automne 1973, l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décide d’une réduction de la production et d’une augmentation du prix du baril de brut. Les marchés paniquent, la courbe du chômage amorce une ascension partie pour durer… La peur de la pénurie, la crise de l’énergie et la périlleuse diplomatie du pétrole troublaient pourtant de manière récurrente les décennies précédentes. Le pétrole, c’est la guerre, résume sobrement un journaliste.

Au lendemain du « choc », le monde politique, les médias, les grands pétroliers eux-mêmes semblent prendre conscience de l’essoufflement d’un modèle capitaliste reposant sur l’abondance des biens et le gaspillage des ressources et des vies : sont alors formulés avec acuité des travers structurels, chacun se fait prophète, propose des solutions ; on parle de dérèglement climatique, de pénurie d’eau à venir, de submersion du monde par les déchets, de ce qui est nécessaire ou superflu. Dans le même temps sont décidées les grandes lignes des politiques énergétiques et économiques qui nous accompagnent jusqu’à aujourd’hui, et la fin de la décennie voit l’instauration d’un programme d’aide au retour des immigrés installés en France.

Tous en pull-over

J'ai fais campagne pour le pull-over. Alors ça paraît ridicule comme ça, mais tout le monde nous parle de crise, de l'énergie, etc. Eh bien, si tout le monde porte un pull-over, on pourrait très bien chauffer les bureaux à 18 degrés au lieu de les chauffer à 24 degrés. C'est un exemple parmi d'autres. Dans la société française actuelle, on est surpris par les évidences. Michel Crépeau, maire de La Rochelle

Guerre au gaspillage

Je me propose d'engager les Français à faire un effort pour sortir de ce qui est incontestablement une économie de gaspillage. Nous apprendrons à économiser. Savez-vous qu’on pourrait diminuer de moitié la consommation de papier si l'on mettait en œuvre les procédés techniquement existants de récupération du papier et des cartons ? On ne s'en était pas inquiété jusqu'ici. Il faudra s'en inquiéter. Il en va de même pour les plastiques, pour le bois. Nous nous efforcerons de mobiliser l'opinion de façon libérale, ce qui est notre vocation, mais éventuellement de façon autoritaire, ce qui est notre devoir, pour qu’elle comprenne cette situation et que l'on passe graduellement vers une économie où l'on ait plus de respect pour les matières premières et les objets. Jacques Chirac

L'apocalypse

Je présente ici un programme écologique. D'abord, ce mot nouveau pour beaucoup d'entre vous : l'écologie. Qu'est ce que c'est ? Ce n'est pas un mot gadget qui a été inventé pour les besoins de cette campagne. C'est un mot créé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Hæckelpour étudier les rapports entre les êtres vivants et le milieu où ils vivent. Nous, les écologistes, on nous accuse d'être des prophètes de malheur et d'annoncer l'apocalypse. Mais l'apocalypse, nous ne l'annonçons pas. Elle est là, parmi nous. Elle se trouve dans les nuages de pollution qui nous dominent, dans les eaux d'égout que sont devenues nos rivières, nos estuaires et nos littoraux marins. René Dumont, agronome, candidat à l’élection présidentielle de 1974

Avec

les voix de Pierre Messmer, Premier ministre,
Omar Habib, kiosquier,
Jacques Chirac, Premier ministre,
Raymond Lévy, vice-président de la société nationale Elf-Aquitaine,
Lionel Stoléru, secrétaire d’Etat chargé de la condition des travailleurs manuels et immigrés,
Michel Durafour, ministre du Travail,
René Dumont, agronome, candidat écologiste à l’élection présidentielle de 1974,
Ambroise Roux, président du CNPF,
Abdelaziz Bouteflika, ministre algérien des Affaires étrangères,
Michel Crépeau,maire de La Rochelle

1973-1974, du pétrole et des idées

Au lendemain du choc pétrolier, le temps est au bricolage pour les automobilistes. Mais aussi à la réflexion pour l'ensemble de la société. L'écologie s'invite dans le débat politique.

Tous en pull-over

Guerre au gaspillage

L'apocalypse

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