"Raconte pas ta vie" : épisode • 1/4 du podcast Jacques Prévert ou l'amour de la vie

Jacques Prévert (1900-1977) en promenade dans les années 1950. ©Getty - REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho
Jacques Prévert (1900-1977) en promenade dans les années 1950. ©Getty - REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho
Jacques Prévert (1900-1977) en promenade dans les années 1950. ©Getty - REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho
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Sa modestie touchait à la pudeur et nous donne l'image d'un artiste un peu effacé, un peu secret. Mais Jacques Prévert c'était surtout l'ami incomparable, le grand amoureux, le poète frondeur et buisonnier, le cancre rêveur, l'éternel écolier du fond de la classe devenu écrivain.

Avec

Pour cette première émission de notre série consacrée à Jacques Prévert nous sommes en compagnie de Hervé Hamon, ancien membre du Haut Conseil de l'évaluation de l'école et ancien professeur de philosophie. Il est également cinéaste, éditeur et écrivain, auteur de Prévert l'irréductible, paru aux éditions TohuBohu en 2017.

Prévert a toujours, toujours, toujours préservé son intimité. Par exemple quand on essaie de savoir quelle était son adolescence, quelle était sa prime jeunesse, on n’en sait rien. On n’en sait à peu près rien. On sait beaucoup de choses sur son enfance, on sait après ce qu’il devient, avec ses amis, avec Duhamel, Tanguy etc., mais là il y a une zone, non pas d’ombre, mais de flou. Prévert s’est très rarement prêté à l’interview. (Hervé Hamon)

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Qui était Jacques Prévert ? Répondre à cette question, cette énigme, c'est effectuer cette « tentative d'un portrait » à laquelle s'est essayé notre invité dans son ouvrage, c'est faire retour sur toutes les traces laissées par Prévert au cours de sa vie. Et comment ne pas commencer par l'enfance de celui qui semble ne l'avoir jamais vraiment quittée, de ce poète qui, entre tous, semble avoir su garder les mots et la fraîcheur des premières années, les plus neuves et peut-être les plus belles ?

Notre invité nous raconte ainsi la jeunesse de Jacques Prévert, sa naissance à Neuilly, les relations au sein de sa famille, les promenades dans Paris avec son père. C'est de lui qu'il hérite le goût de la marche, de sa mère qu'il hérite peut-être son inaltérable bonne humeur, du grand-père enfin le baptême, événement fondateur à en croire notre invité, puisque, bien loin du résultat escompté, ce baptême sème les ferments de l'anticléricalisme de Jacques.

Dans la vie, c’était un teigneux, fondamentalement. Fondamentalement, et ça s’entend dans sa voix. (Hervé Hamon)

Ce tempérament rebelle, on en distingue tôt le germe : adepte de l'école buissonnière, il ne forcera jamais ses dons pour briller scolairement. Un certificat d'études, obtenu à quatorze ans, sera pour la vie son seul diplôme. Ses véritables classes, Prévert les fait avant tout dans les livres (Rimbaud, Apollinaire, Conrad, Dumas, Octave Mirbeau, Loti) qu'il lit, notamment, lors de son service militaire à Constantinople. Armée et classiques de la littérature, curieuse formation quand on considère la suite, cette existence vaguement bohème qu'il mène à Paris avec l'avant-garde surréaliste.

Lancé dans le foisonnement intellectuel parisien de l'entre-deux guerre, Prévert côtoie André Breton ou Philippe Soupault, Desnos ou Aragon, il fréquente le groupe Octobre, s'intéresse au cinéma. C'est là, notamment, que Prévert va donner la pleine mesure de son talent, d'abord avec son frère Pierre, ensuite dans les grands succès de Marcel Carné. On lui doit les dialogues des plus belles réussites du « réalisme poétique » : Le Quai des brumes, Les Visiteurs du soir et, bien sûr, Les Enfants du Paradis.

Les Enfants du paradis c’est formidable, c’est vraiment formidable et ça a un succès à mon sens légitime, en 1945. C’est, on peut dire, le grand film de la fin de la guerre. A ce moment-là, Prévert comme scénariste, et Carné comme réalisateur, sont à leur apogée. (Hervé Hamon)

Indéniablement, Prévert eût une vie remplie avec à son actif des amitiés durables, quelques films magnifiques, des histoires d'amour passionnées, la poésie et la chanson. Autant de facettes qui, rassemblées, constituent la tentative de portrait que se propose cette émission.

C’est une belle vie dont, je dirais, l’amitié est la charpente. Lorsque Jacques Prévert est mort, ses amis sont venus et l’ont porté, ont porté son cercueil et l’ont mis en terre eux-mêmes, et n’ont pas fait appel aux gens de métier pour cela. Je pense que c’est très significatif. (Hervé Hamon)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noiree

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