Les psychanalystes et leurs premiers patients

Sigmund Freud and Jean Harlow by Miguel Ducland Covarrubias ©Getty -  Library of Congress
Sigmund Freud and Jean Harlow by Miguel Ducland Covarrubias ©Getty - Library of Congress
Sigmund Freud and Jean Harlow by Miguel Ducland Covarrubias ©Getty - Library of Congress
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En interrogeant cinq jeunes psychanalystes, nous nous sommes mis dans la peau de ceux qui accueillent leurs premiers analysants.

Première diffusion 16/10/2012 dans l'émission "Sur les docks"

La première fois que j'ai allongé un patient, après l'avoir eu en face à face, j'ai été extrêmement dérouté, je me suis senti perdu. J'ai eu le sentiment de lâcher le patient mais plus encore que le patient me lâchait

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Le Tapis de Sigmund
Le Tapis de Sigmund

Ce qui va être intéressant c'est de voir à travers la façon dont le patient cherche à nous approcher, à être dans une proximité plus familière, chaleureuse, qu'est-ce que cela nous dit de lui ? Ce qui intéresse le patient, c'est lui

Mais que quelqu’un que vous ne connaissez pas vous prenne pour son père, sa mère, en profite pour vous insulter -vous êtes notamment payé pour ça-, que vous vous interdisiez de le rabrouer et de le juger ailleurs que dans votre tête, et qu’au contraire, vous l’encouragiez dans cette confusion fertile et comptiez sur lui pour qu’il revienne la semaine suivante, c’est une situation également singulière. C’est celle du psychanalyste.

Oui il faut que le psychanalyste fasse des fautes, il est très important que le patient se rende compte que vous n'êtes pas parfait, sinon on entre dans des processus d'idéalisation qui sont souvent des arrêts au travail

En interrogeant cinq jeunes psychanalystes, nous nous sommes mis dans la peau de ceux qui accueillent leurs premiers analysants. Puisque dans le cadre d’une analyse, tout fait signe, comment choisissent-ils, pour leur premier cabinet, le divan, le fauteuil, les tableaux qu’ils accrochent au mur ? Que montrent-ils d’eux-mêmes, dans leurs vêtements, leurs livres, les papiers qu’ils laissent traîner ? Est-ce compliqué de mettre fin à une séance ou d’en fixer le tarif ? Faut-il serrer la main du patient au début et à la fin de la séance ? Lui sourire ou lui montrer de l’indifférence ? Ces cinq débutants, qu’aimeraient-ils que leurs patients pensent d’eux ? La découverte du transfert et du contre-transfert est-elle vertigineuse ? Quel psychanalyste aimeraient-ils devenir ?

Pour certains patients, on peut incarner une sorte de figure maternelle ou paternelle. Il y a des états transférentiels qui m'ont mis dans l’embarras

Avec cinq psychanalystes : Caroline Thompson, Fanny Dargent, Isée Bernateau, Alexandre Morel et Vincent Estellon

Extrait d'Habemus papam de Nanni Moretti

Un documentaire de Virginie Bloch-Lainé, réalisé par Anna Szmuc

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