Nous recevons le metteur en scène Alain Françon Pour sa mise en scène de "En attendant Godot" de Samuel Beckett, à la Scala jusqu’au 8 avril.
- Alain Françon Metteur en scène
La pièce de Samuel Beckett s’inscrit dans le courant du théâtre de l’absurde qui apparaît à l’époque de la Seconde Guerre Mondiale. Dans cette nouvelle mise en scène, Alain Françon en renouvelle l’inventivité et l’humour, en pleine complicité avec ses comédiens Éric Berger (Lucky), Guillaume Lévêque (Pozzo), André Marcon (Estragon), Gilles Privat (Vladimir) et Antoine Heuillet (Garçon).
Beckett, un auteur humain au plus près du réel
Quand on me demande si je monte Godot, je réponds toujours : "non, je monte en attendant", parce que je trouve que c’est le plus important. En travaillant le texte, j’ai vraiment découvert la pièce, et le travail final est très différent de l’a priori que je pouvais en avoir. Je pensais que c’était une pièce relativement fantaisiste, je n’y voyais pas sa profonde humanité.
Beckett cultive une sorte de naïveté, il s’interroge sur chaque phrase, en posant toujours la question pourquoi, et je pense qu’il est l’un des auteurs qui, contrairement à tous les lieux communs qui circulent sur l’absurde, va directement et profondément au réel.
La mise en scène, un travail d’archéologue
En tant que metteur en scène, il faut de l’humilité par rapport à l’œuvre. Il n’y a rien de plus détestable que de monter une pièce parce qu’on a une idée sur celle-ci. Je crois que la mise en scène est presque un travail d’archéologue ou de vulcanologue : il faut creuser encore et encore, pour qu’à un moment il y ait une éruption et que tout d’un coup, le texte redevienne contemporain.
Savoir regarder les acteurs et trouver le mot juste
"De plus le respect est indispensable dans ce travail de mise en scène. Il faut savoir regarder les acteurs dans leur singularité, car c’est cette singularité qui les amène à quelque chose de publique : c’est un paradoxe. Souvent la mise en scène est confondue avec le pouvoir, et exercer le pouvoir, il n’y a rien de plus bête. Je considère que, quand on répète, on forme une petite assemblée, qui délègue momentanément l’autorité au metteur en scène. Pour moi, cette autorité passe par l’exercice du mot juste, ce mot juste difficile à trouver, mais qui permet aux acteurs d’aller plus loin. Pour ça, il faut les regarder longtemps, il faut prendre le temps, sinon, on fait tout "en général", et il n’y a rien de plus terrible que les acteurs qui jouent "en général"."
Archives
Lettre de Samuel Beckett lue par Roger Blin, émission Entrée des auteurs, RTF, 17/02/1952
Jean-Claude Grumberg, émission Le bon plaisir, L Marlène Belilos, France Culture, 22/01/1994
Jean-Paul Roussillon, émission Images et visages du théâtre d'aujourd'hui, Moussa Abadi, France Culture, 17/01/1974
Marie-José Malis, émission A voix nue, Albane Penaranda, France Culture, 30/10/2020
Références musicales
Dina Ogon, Pumpan
Mamman Sani, Lidda
L'équipe
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- Camille PetiotStagiaire