Approche-t-on vraiment du plein emploi ?

Signalisation Pôle Emploi ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
Signalisation Pôle Emploi ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
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Le taux de chômage a chuté au quatrième trimestre de 2022 à 7.2%. Alors que le gouvernement réaffirme un objectif de plein emploi, comment se porte le marché du travail en France ?

Avec
  • Géraldine Rieucau Professeure des universités en économie à l'Université Picardie Jules Verne, membre du Centre de recherches sur l'industrie et les institutions d'Amiens, et affiliée au Centre d'études de l'emploi et du travail

Définir le plein emploi

Qu'est-ce que le taux de chômage et qu'entend-on par "plein emploi" ? “Le plein emploi est une notion définie par John Maynard Keynes, économiste majeur du 20e siècle”, rappelle Géraldine Rieucau, professeure des universités en économie à l'Université Picardie Jules Verne et affiliée au Centre d'études de l'emploi et du travail. “Le plein emploi concerne la pleine utilisation des moyens de production, aussi bien le plein emploi des équipements, des machines, que de la main d'œuvre, c’est-à-dire de la population qui souhaite travailler”, précise-t-elle. En somme, il correspond à “l’absence de chômage involontaire. Il est mesuré par un taux de chômage qui n’est pas égal à zéro mais qui correspond au taux de chômage frictionnel, uniquement lié aux difficultés à trouver un emploi”.

Un taux de chômage historiquement bas ?

La situation actuelle est-elle vraiment historique ? “C’est un taux de chômage [7,2%] effectivement bas, mais il faut interroger la qualité des emplois”, souligne Géraldine Rieucau. “Le chômage correspond au fait de ne pas avoir travaillé ne serait-ce qu'une heure dans la semaine de référence ; à être disponible pour travailler dans les 15 jours et avoir fait au moins une recherche active d’emploi dans les quatre dernières semaines (...) Donc sont considérées "en emploi" également les personnes qui n'ont travaillé qu'un peu plus d’une heure dans la semaine de référence”. Par ailleurs, la professeure en économie rappelle qu’en plus du taux de chômage, il faut considérer le “halo du chômage”, c’est-à-dire, “les personnes qui ne cherchent pas d'emploi, ne sont pas disponibles mais souhaitent malgré tout travailler”.

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Qu’en est-il de la qualité des emplois ?

“La qualité des emplois était plus élevée dans les périodes de croissance économique”, relève Géraldine Rieucau. “Pour autant, on observe que celle-ci a plutôt progressé lorsque l’on regarde le taux d’emploi en CDI ou à temps plein. Mais la qualité des emplois correspond aussi au sens du travail et à la satisfaction des conditions de travail auxquels il faut prêter attention”, ajoute la professeure en économie.

Quel lien entre la baisse du chômage et les radiations des chômeurs par Pôle emploi ?

Certains élus estiment que la baisse du chômage actuelle s’explique par le nombre de radiations de chômeurs par Pôle emploi. A ce sujet, Géraldine Rieucau note que “l’indicateur du taux de chômage provient de l'enquête Emploi et n’a rien à voir avec la radiation des demandeurs de Pôle emploi, qui correspond à un autre indicateur. On peut donc comptabiliser des individus comme étant au chômage dans l'enquête Emploi, sans qu’il ne soient inscrits à Pôle emploi, donc jamais radiés”, conclut-elle.

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