Partir ou rester : les atermoiements de la France en Afrique

Emmanuel Macron a rencontré le président du Gabon Ali Bongo Ondimba dans le cadre du premier jour de sa tournée africaine ©AFP - Ludovic Marin
Emmanuel Macron a rencontré le président du Gabon Ali Bongo Ondimba dans le cadre du premier jour de sa tournée africaine ©AFP - Ludovic Marin
Emmanuel Macron a rencontré le président du Gabon Ali Bongo Ondimba dans le cadre du premier jour de sa tournée africaine ©AFP - Ludovic Marin
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Alors qu'Emmanuel Macron vient d'entamer une visite officielle de cinq jours au Gabon, en Angola, au Congo et en RDC, 18e voyage en Afrique depuis le début de son mandat, la stratégie militaire et diplomatique que la France veut mettre en oeuvre sur le continent africain demande à être analysée.

Avec
  • Rémi Carayol Journaliste indépendant (Mediapart, Afrique XXI et Le Monde diplomatique)
  • Francis Kpatindé Ancien rédacteur en chef du Monde Afrique, intervenant à Sciences Po Paris et spécialiste du continent africain

Jean Leymarie reçoit le journaliste Rémi Carayol, auteur de  Le mirage sahélien. La France en guerre en Afrique. Serval, Barkhane et après ?  (La Découverte, janvier 2023) et Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef du Monde Afrique, intervenant à Sciences Po Paris et spécialiste du continent africain.

Les intervenants abordent les débats autour de la lutte française contre le djihadisme en Afrique ; la remise en question de la puissance militaire française sur le continent ; les deux sujets majeurs que sont la question des bases permanentes et la question monétaire (Franc CFA) ; la présence et le poids réel des puissances étrangères sur les plans géostratégiques et économiques et enfin la place de l’écologie dans les relations franco-africaines.

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L'implantation militaire française en Afrique en question

La France possède toujours quatre bases permanentes en Afrique : le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Gabon et Djibouti. Est-ce la fin d’une époque? “Non, répond Rémi Carayol, puisque la France dispose toujours de ces quatre bases et j’en ajouterai même une cinquième, Mayotte, territoire français mais contesté au niveau de l’ONU par les Comores. Il y a aussi une très forte présence au Sahel, sur des bases qui ne sont pas historiques et où l'on compte encore 3 000 soldats". En somme, "on est très loin du retrait de l’armée française de ses anciennes colonies”, conclut le journaliste indépendant.

Quel est le rôle de ces bases militaires françaises aujourd'hui ? “Je n’ai pas de réponse, indique l’ancien rédacteur en chef du Monde Afrique, Francis Kpatindé. Ces bases sont-elles là pour protéger la communauté française dans ces pays ? Les chefs d’Etat adoubés par la France ? Ou pour intervenir en cas de djihadisme ? On ne sait pas exactement, car la présence de ces bases est entourée d’un voile opaque. C’est l’omerta”.

Le bilan des opérations de lutte contre le djihadisme

Les missions assignées à l’armée française n’ont pas fonctionné, elle n’a pas réussi à endiguer l’avancée des groupes djihadistes, relève Rémi CarayolLà où, dans certaines zones, elle a réussi à “déranger” les groupes djihadistes dans leur volonté de développement, elle a aussi empêché la recherche de solutions alternatives à celles de l’utilisation de la force.” Francis Kpatindé complète : “la France s'est toujours opposée à des négociations directes entre les Maliens et les chefs djihadistes, alors même que la plupart de ces chefs sont des Maliens”.

Quel poids des puissances chinoises et russes en Afrique ?

“Le premier “adversaire” de la France en Afrique est la Chine, indique Francis Kpatindé*. C'est le premier partenaire des pays africains sur le plan commercial. La Chine est également en dixième position pour sa contribution en troupes”*. Au-delà des intérêts économiques, que cherche la Chine ? “Elle souhaite obtenir des terres agricoles, investir dans les infrastructures mais aussi - et surtout - dans la jeunesse”, explique l’ancien rédacteur en chef du Monde Afrique. Quant à la Russie, Rémi Carayol indique que l’intérêt est d’abord “géopolitique et géostratégique (...). Il se situe dans le contexte d’une guerre d’influence. L'intérêt économique n’est pas la priorité pour Moscou”, insiste le journaliste.

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