Comment notre eau potable a-t-elle été contaminée par un pesticide interdit ?

Robinets d'eau potable dans le village de Saint Guilhem le Désert en Languedoc Roussillon. ©Getty
Robinets d'eau potable dans le village de Saint Guilhem le Désert en Languedoc Roussillon. ©Getty
Robinets d'eau potable dans le village de Saint Guilhem le Désert en Languedoc Roussillon. ©Getty
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Les tests réalisés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire sont sans appel : une grande partie de l’eau potable analysée présente des résidus d’un pesticide interdit en France depuis 2020, à des niveaux trop élevés... Avec quels effets sur la santé ?

Avec
  • Xavier Coumoul Professeur de toxicologie et de biochimie à Université Paris Cité, directeur de l’équipe de l’INSERM “METATOX”

Avec Xavier Coumoul , professeur de toxicologie et de biochimie à Université Paris Cité, directeur de l’équipe de l’INSERM “METATOX”

La présence du métabolite du chlorothalonil dans l'eau potable est-elle dangereuse ?

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Pour Xavier Coumoul, "Tout dépend de la façon dont on définit le danger et le risque : en toxicologie, le danger, est différent du risque. La molécule est probablement dangereuse, mais sa dangerosité n'est pas caractérisée à l'heure actuelle. Il y a une contamination généralisée de l'environnement. On dépasse une limite qui s'appelle la "limite de qualité" qui est assez stricte. Ce qui ne veut pas nécessairement dire que la molécule est toxique. On est dans une zone de flou. L'eau en bouteille aussi pourrait contenir ce résidu de pesticides, c'est-à-dire non pas la molécule qu'on va épandre dans les champs, mais une molécule qui résulte de transformations qui ont lieu dans le sol."

Une décontamination possible mais couteuse

"Des systèmes existent" explique Xavier Coumoul, "mais nécessiteraient des investissements extrêmement importants. Si on prend l'exemple de la région parisienne, le Syndicat des eaux d'Ile-de-France, c'est à peu près 4 millions d'usagers. 3 millions d'entre eux vont recevoir une eau dont les teneurs du métabolites sont 4 à 5 fois supérieurs au seuil réglementaire. Et c'est un peu pareil dans la région Grand Ouest : 90 % de la population de cette région est concernée." Est-ce qu'on peut dépolluer ? "La réponse est oui. Par exemple, en région parisienne, il y a une usine de traitement qui est capable de le faire et donc qui est capable de distribuer une eau sous ce fameux seuil réglementaire. Ça veut dire qu'il y a des solutions. Néanmoins, il faudrait investir énormément d'argent pour faire en sorte que toutes les stations soient capables de dépolluer, soit à peu près la même manière."

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