Affrontements au Soudan : faut-il craindre la guerre civile ?

Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus des immeubles résidentiels de Khartoum, le 16 avril 2023, Soudan. ©AFP
Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus des immeubles résidentiels de Khartoum, le 16 avril 2023, Soudan. ©AFP
Des volutes de fumée s'élèvent au-dessus des immeubles résidentiels de Khartoum, le 16 avril 2023, Soudan. ©AFP
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Après les espoirs démocratiques suscités par la révolution de 2019, et face à l’enlisement des affrontements qui ont éclaté samedi au Soudan entre les deux grandes forces armées du pays, se dirige-t-on vers une nouvelle guerre civile ?

Avec
  • Lucie Revilla Politiste, post-doctorante à l’Institut de Recherche pour le Développement, attachée au Laboratoire Les Afriques dans le Monde à Bordeaux

Qui sont les deux forces armées qui s’affrontent au Soudan ?

Lucie Revilla explique que “les combats qui ont lieu en ce moment à Khartoum et dans tout le pays depuis samedi opposent d'un côté l'armée nationale soudanaise, placée sous l'autorité du général Abdel Fattah. De l'autre, une milice qui est d'abord connue sous le nom des Janjawids, qui a joué un rôle de supplétif de l'armée soudanaise pendant la guerre du Darfour à partir de 2003. Cette milice a été institutionnalisée par l'État au début des années 2010 et elle est devenue une force de soutien rapide. Elle a gardé une très grande autonomie.

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La société civile soudanaise résiste à la propagande

“La société civile soudanaise s'active de manière intense” observe Lucie Revilla*. “Des acteurs politiques essaient de rentrer en dialogue avec ces deux chefs de guerre et c'est extrêmement compliqué. De fait, la situation a déjà largement dégénéré”,* constate la politiste, “puisque les combats font rage au Darfour, au nord également. Pour le moment, de nombreuses voix s'élèvent de part et d'autre de l'échiquier politique, à l'exception des islamistes qui soutiennent l'armée. Mais on a aussi des voix s'élèvent partout dans le monde parmi la diaspora pour appeler à la neutralité des civils. La société en ce moment, est vraiment en train d'essayer de faire face à la déflagration en cours. Les soudanais s'activent pour organiser les secours dans un contexte d'effondrement total du système hospitalier à Khartoum et dans toutes les grandes villes. Les civils, en fait, ne prennent pas parti, même si des deux côtés, une propagande intense est en cours. On va voir comment les choses se développent. Il est trop tôt pour le dire”, estime Lucie Revilla.

Les grandes puissances ne parviennent pas à obtenir un respect des cessez-le-feu

Cette impuissance de la communauté internationale “montre aussi que ce sont deux acteurs qui font fi des pressions de l'extérieur” déplore Lucie Revilla . “ Cela montre aussi la faiblesse du dernier accord qui avait été signé le 5 décembre 2022. ”, ajoute-t-elle. “ Une grande partie des acteurs politiques d'opposition s’était montrée très critique vis à vis de la communauté internationale pour avoir remis des militaires au centre du jeu, pour avoir entamé encore une fois des négociations avec eux, alors même que ces deux acteurs militaires ne tiennent pas leur parole.

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