Mayotte : paroxysme des crises françaises ?

L'opération d'évacuation du bidonville de Mamoudzou a été suspendue mardi matin après des heurts ©AFP - Chafion Madi
L'opération d'évacuation du bidonville de Mamoudzou a été suspendue mardi matin après des heurts ©AFP - Chafion Madi
L'opération d'évacuation du bidonville de Mamoudzou a été suspendue mardi matin après des heurts ©AFP - Chafion Madi
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Mardi matin, le tribunal judiciaire de Mamoudzou, à Mayotte, a suspendu l’évacuation du bidonville Talus 2. Un premier revers pour l’opération Wuambushu, qui vise à démolir des milliers de cases en tôle occupées par des immigrés clandestins. Quelle issue pour ce conflit qui divise les Mahorais ?

Avec
  • Didier Leschi Directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII)
  • Clémentine Lehuger Docteure en science politique de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
  • Vittoria Logrippo Déléguée nationale de la Cimade en région Océan Indien

Baptisée "Wuambushu", “reprise” en mahorais, l’opération « secrète », révelée en février par Le Canard enchaîné, ne l’est plus : le gouvernement s’apprête à déclencher une série d’interventions policières.

L’opération Wuambushu : rétablir la paix civile à Mayotte

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Le but de l’Opération Wuambushu “c’est d’abord une opération rétablissement de la paix civile”, explique Didier Leschi : “On est dans une situation extrêmement tendue depuis des mois si ce n’est des années, avec une demande très forte d’une partie de la population et des élus d’essayer de rétablir un minimum de vie collective qui soit apaisée. Hors nous sommes dans une situation extrêmement dégradée on a vu des images terribles de cars scolaires attaqués, de personnes qui même sont attaquées chez elles. Il y a donc d’abord cette opération qui est une opération de police.”

Un lien mécanique entre délinquance et immigration

Vittoria Logrippo estime que l’opération Wuambushu serait “la conséquence d’un amalgame qui est entretenu entre insécurité, délinquance et immigration et qui est rendu possible par une lecture plutôt simpliste des enjeux du territoire puisqu'on est sur un territoire où la précarité est extrême. Où la détresse et la tension sociale est forte, et où l’on a un droit dérogatoire qui s’applique et qui ne permet pas à l’ensemble de la population de bénéficier des mêmes droits, des mêmes services publics, d’avoir les mêmes garanties pour les droits fondamentaux que l’ensemble de la population française.”

Mayotte, territoire victime d’une pauvreté endémique

Clémentine Lehuger rappelle que “l’augmentation de la délinquance et de la violence physique envers les personnes” à Mayotte s’explique en partie parce que l’île est “confrontée à une pauvreté extrême. Il faut avoir en tête que plus de 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté nationale. Il faut aussi comprendre que plus de la moitié de cette population déjà sous le seuil de pauvreté vit avec moins de 160€ par mois. On sait aussi qu’il y a un déficit en termes de prise en charge de la population, notamment de la population jeune et des mineurs isolés.”

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