La nature, ça n’existe pas ? : épisode • 3/5 du podcast Philippe Descola, une autre façon d’habiter le monde

Portrait de l'anthropologue français Philippe Descola en mai 1994, France ©Getty - Louis MONIER-Gamma-Rapho
Portrait de l'anthropologue français Philippe Descola en mai 1994, France ©Getty - Louis MONIER-Gamma-Rapho
Portrait de l'anthropologue français Philippe Descola en mai 1994, France ©Getty - Louis MONIER-Gamma-Rapho
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Le grand livre de Philippe Descola a paru en 2005 sous le titre "Par-delà nature et culture". Ce livre a fait date. Il y théorisait les leçons apprises sur le terrain et développées ensuite au fil de ses recherches.

Avec

L’idée principale du livre majeur de l’anthropologue est que la nature est une invention de l’Occident moderne, voire « une maladie de nos idées », car la « nature » n’existe pas partout telle que nous nous la représentons. Il rappelle que ce sont les Modernes qui ont inventé cette idée de nature. Chez les Achuar l'idée même de nature n'existe pas ( voir épisode précédent ), les non humains ne sont pas juste des morceaux de nature, ce sont des « partenaires sociaux » :
« La nature comme une totalité extérieure telle que nous la concevons est une abstraction sans sens. C'est une façon pour nous de traduire des liens de partenariat ou une forme d'empathie. » Les Achuar ont une propension à communiquer avec les non humains (plantes, eau, animaux, arbres etc.) ils leur adressent des « discours du cœur », c'est-à-dire qu'ils communiquent avec eux par les rêves ou par des incantations magiques.

Une manière d'être au monde

Cette représentation du monde occidental peut être dite « naturaliste ». Philippe Descola a mis au jour trois autres grands systèmes, qu’il appelle « ontologies » et qui détermine un rapport au monde : l’animisme, le naturalisme, le totémisme et l’analogisme. Ce classement repose sur un système de continuités et de discontinuités entre des choses qui nous ressemblent et d’autres qui nous sont étrangères. C’est le cœur du réacteur descolien. Le modèle des Achuar est un monde animiste où les non humains ne sont pas des objets, ils sont dotés d'une « intériorité » (esprit, âme), ils sont « réceptifs aux messages qu'on leur adresse » avec une physicalité différente. Du point de vue du naturalisme (à partir de Descartes), seuls les humains sont dotés d'« intériorité » et d'intentionnalité : « les non humains deviennent des objets car ils n'ont pas cette intériorité, ils n'ont pas cette capacité réflexive » mais disposent de physicalités semblables.

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Générique

Une série d’entretiens proposée par Caroline Broué. Réalisation : Rafik Zenine. Prise de son : Michaël Simon. Chargée de programme : Daphné Abgrall.

À voix nue
26 min

Pour aller plus loin

Exposition : La Fabrique des images. Musée du quai Branly (2010-2011)

Composer les mondes, film de Eliza Levy (2021)

Bibliographie sélective

Les Formes du visible (Ed. du Seuil, 2021)

La Nature domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar. Deuxième édition (Ed. de la MSH, 2019)

Les Natures en question (Ed. Odile Jacob, 2018)

La composition des mondes entretiens avec Pierre Charbonnier (Ed. Flammarion, 2014)

Par-delà nature et culture (Ed. Gallimard, 2005)

Les lances du crépuscule. Avec les Indiens Jivaros de haute Amazonie (Ed. Plon, 1993)

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