Qui est Domon Ken, la superstar de la photographie réaliste japonaise ?

Ken Domon, "Femmes se promenant", Sendai, 1950 - Ken Domon Museum of Photography
Ken Domon, "Femmes se promenant", Sendai, 1950 - Ken Domon Museum of Photography
Ken Domon, "Femmes se promenant", Sendai, 1950 - Ken Domon Museum of Photography
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Ken Domon (1909-1990), qu'on surnommait "le démon de la photographie", a marqué l'histoire de la photographie japonaise, et la Maison de la culture du Japon à Paris lui consacre sa première exposition française. On le découvre...

Avec
  • Michael Lucken Historien et directeur du Centre d'Etudes Japonaises de l'Inalco

Ken Domon, le maître du réalisme japonais, une exposition jusqu’au 13 juillet 2023 à la MCJP (maison de la culture du Japon à Paris)

Comment saisir la réalité ? Peut-on même d'ailleurs la saisir ? Y en a-t-il seulement une ? La réalité est-elle forcément vraie ? Exprime-t-elle forcément la vérité ?
Pour le photographe japonais Ken Domon, oui.
Des enfants, des pêcheurs, les traces d'Hiroshima, la guerre, l'après-guerre... Allons regarder ses photos et voyons ce qu'est la réalité.

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Ken Domon, photographe malgré lui

"Ken Domon a beaucoup contribué à l'essor du photojournalisme au Japon et à la documentation des grandes phases de l'histoire du Japon d'après la guerre. Pourtant, rien ne le destinait à devenir photographe. Il naît dans une petite ville du nord du Japon, où un musée lui est dédié aujourd'hui, puis descend avec sa famille à Tokyo. Il devient peintre, puis abandonne lorsqu'il est arrêté. En 1932, il passe six mois en prison, où il est torturé. Lorsqu'il en sort, il s'engage à ne plus remettre en cause les deux piliers de l'Etat à l'époque, c'est-à-dire le régime impérial et le capitalisme. Alors qu'il a abandonné toute ambition artistique, quelqu'un lui propose d'intégrer un studio de photographie, où il apprend son métier sur le tas et y gagne sa vie. Il exprime son goût pour la peinture par le medium de la photographie." Michael Lucken

Une photographie spontanée ?

"À l'époque de Domon, il faut bien se rappeler que les appareils sont lourds et comportent un flash déporté, c'est-à-dire que le photographe a le flash à la main. Il faut changer les ampoules à chaque flash et ça coûte cher : il est donc impossible d'être photographe amateur, il faut travailler en studio comme le fait Domon. Par conséquent, les photos de Domon, qui semblent pourtant si spontanées, ne sont pas des instants volés. Ce sont plutôt des moments de vie : il ne s'agit pas de voler des instants mais de retrouver le naturel par le travail et la concentration." Michael Lucken

Un réalisme tout personnel

"Pour Domon, une bonne photographie c'est quand, dans la représentation objective du sujet, se glissent des éléments ambigus, annexes, fortuits mais où, dans le même temps, on trouve la formalisation maîtrisée, autrement dit des éléments qui répondent à une nécessité, à un principe. C'est la meilleure façon de définir son réalisme si particulier :  c'est cette tension entre un classicisme, quelque chose de structuré, maîtrisé, organisé, et le spontané, c'est-à-dire quelque chose qui surgit." Michael Lucken

Sons diffusés :

  • Chanson de pêcheurs de Genjiro Masu, Chakkiri bushi
  • Archive d’un journal d'actualités, session de gymnastique de guerre, diffusé par la radio publique NHK en 1942
  • Chanson de Kyu Sakamoto, Senjo ni hi wa ochite (Soleil couchant sur les champs de batailles), 1963
  • Extrait du film Les Sept Samouraïs, de Akira Kurosawa, 1954, avec Toshiro Mifune
  • Extrait du documentaire Children who draw, de Hani Susumu, 1956
  • Chanson de fin : Hibari Misora, Aishu Hatoba

Liste des photographies évoquées pendant l'émission :

  • Enfants pêchant des truites, Izu, département de Shizuoka, 1936
  • Jeune Infirmière, Azabu, Tokyo, 1938
  • Femmes se promenant, Sendai, 1950
  • Toshiro Mifune (acteur), 1952
  • Sœurs sans mère, de la série Les Enfants de Chikuhô, 1959
  • Couple d’irradiés mariés, photographie de la série Hiroshima, 1957

Bibliographie :

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