Inflation, plein emploi, industrie : l'heure du bilan pour Joe Biden

Joe Biden à la réunion avec son cabinet Investir en Amérique, Maison Blanche à Washington, D.C, le 5 mai. 2023 ©AFP - ALEX WONG / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
Joe Biden à la réunion avec son cabinet Investir en Amérique, Maison Blanche à Washington, D.C, le 5 mai. 2023 ©AFP - ALEX WONG / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
Joe Biden à la réunion avec son cabinet Investir en Amérique, Maison Blanche à Washington, D.C, le 5 mai. 2023 ©AFP - ALEX WONG / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
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Alors que le débat autour du relèvement du plafond de la dette s’intensifie aux Etats-Unis, de nombreux indicateurs semblent au vert : emploi, inflation… de quoi donner des ailes à la politique industrielle mise en place par Joe Biden ?

Avec
  • Anton Brender Chef économiste de Candriam
  • Donna Kesselman Professeure à l’université Paris Est-Créteil, sociologue du travail, spécialiste des droits sociaux aux États-Unis.
  • Thérèse Rebière Économiste, enseignante-chercheure au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) et au Centre d’Etudes de l’Emploi et du Travail (CEET)

Relèvera, relèvera pas ? Les négociations vont bon train entre Démocrates et Républicains. L’objet de la lutte : le plafond de la dette, atteint fin janvier aux Etats-Unis. Qui dit plafond atteint, dit coupes radicales dans les dépenses, et c’est là tout l’enjeu de la bataille que se livrent les deux camps politiques. Une tension qui prendra fin le 1er juin, de deux manières possibles : par le vote du relèvement du plafond, au prix de concessions importantes, ou par une « crise financière mondiale » selon les mots de la secrétaire au Trésor Janet Yellen. Au-delà de ce sujet brûlant, la politique monétaire de plus en plus restrictive menée par la Fed pourrait représenter une menace pour la croissance économique. Croissance dont a besoin Joe Biden, candidat à sa réélection.

Anton Brender nous explique "il faut savoir qu'il y a plafond de la dette aux Etats-Unis, c'est quelque chose qui n'existe nulle part ailleurs. D'habitude il y a un budget qui est voté, et une fois que les dépenses sont votées, on s'endette si les recettes n'équilibrent pas les dépenses. Aux Etats-Unis, on vote un budget, avec éventuellement un déficit, et par ailleurs il y a un plafond de la dette qui limite le montant de l'endettement américain. Aujourd'hui c'est un grand embarras pour les Etats-Unis, pour le budget, pour le président Biden. Mais il faut se rappeler que cette mesure du plafond de la dette date de la guerre de 1914. Elle avait été prise non pas pour compliquer mais pour faciliter la tâche du Trésor américain. Jusque-là il devait demander le droit d'émettre chacune des dettes, chaque obligation, chaque titre d'endettement et on a voulu lui faciliter la tâche en laissant la possibilité d'émettre pourvu que cela ne dépasse pas un certain montant, et ce montant c'est le plafond de la dette, dont on a hérité aujourd'hui. A l'heure actuelle il faut relever le plafond parce qu'on a atteint la limite qui avait été fixée la dernière fois qu'il avait été touché".

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Par ailleurs, la Fed a remonté ses taux de 5% en un an, afin de freiner l'inflation, Anton Brender poursuit "l'inflation a beaucoup décélérée, même si elle reste encore très au-dessus des 2 ou 2,5% ce qui paraît être l'objectif de la Réserve fédérale. Quand la Fed a commencé son resserrement monétaire, elle a dit qu'elle voulait ramener l'inflation, qui était à presque 10%, à cet objectif de 2 ou 2,5%, mais en trois ans. On est peut-être à mi-chemin, et on constate que l'inflation a déjà été sérieusement réduite", Thérèse Rebière ajoute "il faut aussi regarder les éléments qui sont impactés par l'inflation. Il faut se rappeler que, contrairement à la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale a un double mandat : elle regarde le niveau de l'inflation et elle regarde comment sa politique influence la croissance et le marché du travail. Elle met en place une politique sur une période de deux à trois ans et elle est obligée d'ajuster ponctuellement en fonction de ce qu'elle observe sur le marché du travail et sur l'évolution des prix. Actuellement, on observe qu'une grande partie de l'inflation porte sur le logement et notamment sur les loyers, et cela soulève des inquiétudes et en particulier pour ceux qui touchent de bas salaires".

Concernant le marché du travail, Donna Kesselman nous explique "depuis quelques années, on constate une augmentation du nombre de grèves partout aux Etats-Unis. Cela a commencé en 2021 et on a vu un taux de grèves en octobre 2022 historiquement élevé et cela a touché différents secteurs. Ces grèves sont liées à la question de l'inflation et du rattrapage du coût de la vie, mais aussi à la question du burn-out, de la "grande démission" qui s'est poursuivie en 2022, le travailleurs ont continué à changer d'emploi. On constate aussi depuis la pandémie un changement des mentalités par rapport au travail, les gens cherchent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. Ces mouvements sont avant tout possibles car le marché du travail est en tension. Les travailleurs profitent de cette situation pour lever la tête, ce qu'ils n'avaient pas fait depuis très longtemps.  Enfin, ces mouvements de grève vont de pair avec une syndicalisation en hausse, même si cette situation reste fragile. La réalité des relations professionnelles n'est pas facile car le patronat américain est vigoureusement anti-syndicats, et met tous les moyens en œuvre pour essayer de bloquer cette vague".

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