Cabu (1938-2015), toujours là !

De Charlie Hebdo à Récré A2, il a frayé avec toutes les générations à sa portée. Ces ponts qu’ils tissent patiemment et dont la matière serait probablement ses milliers de croquis parfois élaborés au creux de sa poche, il en a conçu la nécessité à travers son parcours. Jean Cabut était pourtant bien parti avant de croiser la route des sales gosses de la caricature française qui vont devenir le socle de sa base-arrière : un père artisan et peintre amateur mais qui l’éduque à la dure, une reconnaissance précoce de ses talents de dessinateur avec un prix à 16 ans mais bientôt suivi d’un service militaire en Algérie qui, sans effacer son sourire narquois, assombrit son regard déjà acéré sur le monde politique. Alors que le jeune provincial vit ses premières années parisiennes avec facilité et excitation entre un métier d’illustrateur et la rencontre du jazz de Cab Calloway, il est mobilisé en 1956.

Sans être en toute première ligne, il est rapidement affecté au journal d’information militaire, il en revient farouchement antimilitariste. Très vite à son retour, débute le parcours plus connu de ses collaborations de Hara Kiri à Charlie Hebdo en passant par Pilote. Cabu n’en a pas bavé pour se faire reconnaitre. C’est peut-être sa personnalité toujours douce, un peu flottante, critique sans violence a priori qui lui vaut ces intégrations expresses au monde du dessin et à toutes les rédactions dont il croise le chemin. La violence et la bêtise qu’il dénonce sont toutes contenues dans le peuple de personnages de papier qu’il crée : l’adjudant Kronenbourg, le Beauf, le Grand Duduche, c’est avec eux que l’on racontera Cabu, parce que sans complaisance, il dénonçait à travers eux les faiblesses humaines.

Une douceur et une apparente sérénité qui évidemment cadrent mal avec la violence qu’il rencontre : la mort prématurée de son fils Mano Solo et bien sûr son assassinat par les frères Kouachi dans les locaux de la rédaction de Charlie Hebdo. D’ailleurs encore aujourd’hui, lorsqu’on pense à sa fin, on a toujours du mal à se rappeler que sa fin s'est écrite de manière si tragique.

Bibliographie sélective

• Jean-Luc Porquet, Cabu. Une vie de dessinateur (Gallimard, Albums Beaux livres, 2018)
• Cabu et Paris, illustrations de Cabu, texte de François Cavanna (Collection Humour & BD - Hoëbeke, Gallimard, 04-09-2006). Et une exposition éponyme (septembre 2006 à février 2007) à l'Hôtel de Ville de Paris
• Toute l'œuvre de Cabu sur le site qui lui est consacré  Cabu Officiel

Documentaires

• Cabu, politiquement incorrect, réalisé par Jérôme Lambert, Philippe Picard • Écrit par Jérôme Lambert, Philippe Picard (France • 2006 • 52 minutes • Couleur)
• Cabu à Saint-Germain-des-Prés, réalisé par François Fronty • Écrit par François Fronty (France • 2008 • 26 minutes • Beta numérique • Couleur)
• Tu t'es vu sans Cabu ? réalisé par Jean-Marie Pasquier • Écrit par Laurent Boyer, Patrick Sichere, Jean-Marie Pasquier (France • 2015 • 120 minutes • Couleur)
• Charlie 712 - Histoire d'une couverture, réalisé par Philippe Picard, Jérôme Lambert • Écrit par Philippe Picard, Jérôme Lambert (France • 2015 • 45 minutes • DV Cam • Couleur)

Archives

Ina :

• Cabu dans Jeux d'archives (France Culture, 22.12.2007)
• Cabu l'observateur engagé, avec Patrice Tourne dans À voix nues (France Culture, 01.01.2007)

Autres :

• Charlie 712 - Histoire d'une couverture (02.2006) sur Dailymotion
• Le dessinateur Cabu de Charlie Hebdo, invité de Visages Inattendus de Personnalités (VIP, émission de KTO TV, 2005) sur YouTube

Musique

• Compilation Le Jazz De Cabu (Difymusic, série BD Jazz, 2005) - The Cotton Club (Original Music Soundtrack), John Barry (1984) - Charlie Hebdo saute sur Noël et bouffe le nouvel an (Charlie Hebdo, 2008) -

Générique

Un documentaire d'Anaïs Kien, réalisé par Franck Lilin. Prise de son, Mickaël Simon, Hervé Dubreuil, Ludovic Auger et Johanna Gabric. Mixage, Pierric Charles. Coordination, Anaïs Kien. Archives Ina, Mylène Touchais. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.