Les mineurs non-accompagnés

Accueillir et aider les mineurs non-accompagnés qui arrivent en France. ©Getty - © Maskot
Accueillir et aider les mineurs non-accompagnés qui arrivent en France. ©Getty - © Maskot
Accueillir et aider les mineurs non-accompagnés qui arrivent en France. ©Getty - © Maskot
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Poussés sur les chemins de l’exil, victimes de la traite des êtres humains parfois également, les mineurs dits « non-accompagnés » arrivent seuls, sans famille ni ressources après un parcours migratoire souvent traumatisant, fait de séparations, de violences et de solitude.

Avec
  • Marguerite Aurenche Magistrate, ancienne juge des enfants, détachée au pôle “Défense des droits de l’enfant” auprès de la Défenseure des droits.
  • Olivier Peyroux Sociologue, spécialisé sur les questions des migrations des mineurs et de la traite des êtres humains, enseignant à Sciences Po et cofondateur de Trajectoires.

Dans certains cas, un doute subsiste sur leur âge précis et sur leur identité, mais ces situations ne doivent pas cacher la réalité de leur destin dans notre pays : bien souvent, ils ne sont pas considérés exactement comme les autres mineurs. Parfois, ces enfants sont exploités par des réseaux qui s’en servent pour leur compte ; ils subissent la violence spécifique d’être contraints à commettre des délits.
Ces mineurs ont droit à la même protection que tout autre enfant. Un récent rapport de la Défenseure des droits constate que « la situation des enfants migrants s’assombrit au rythme des mesures prises à leur encontre, dans une forme d’indifférence inquiétante ».

Olivier Peyroux "Les raisons pour lesquelles on voit beaucoup de mineurs arriver (en France), sont surtout liées au fait que plus on a une politique migratoire restrictive, plus on va avoir de mineurs qui vont migrer, parce que, vu d'ailleurs, la minorité est perçue comme un des moyens de pouvoir se faire régulariser une fois que l'on arrive en France."

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Olivier Peyroux "Si on prend les chiffres d'Eurostat, depuis 2015, on peut dire que les mineurs non accompagnés représentent environ entre 15% et 20 % du flux de l'ensemble des migrants. Donc, c'est vraiment une problématique à prendre en compte."

Marguerite Aurenche "*Aujourd'hui, on évoque une majorité de mineurs qui viennent de Guinée, du Mali, de la Côte d'Ivoire. En 2021, c'était à peu près 47% des mineurs non accompagnés, c'est-à-dire ceux qui sont pris en charge et reconnus comme tels et pris en charge par la justice et les départements. [...] Ils sont sans représentant légal, c'est ça qu'il faut bien avoir à l'esprit sur ces mineurs, et surtout, personne n'a la responsabilité de les protéger, ou plutôt, si, c'est à l'Etat et au département, chef de file de la protection de l'enfance.*"

Olivier Peyroux "L'Europe a toujours été très dépendante d'une  main d'oeuvre d'immigration, et en fait, ne l'a jamais été autant que maintenant, [...] parce que l'on a une population qui est vieillissante, une natalité en baisse et qu'en plus, on est dans une société de services."

Il est urgent de poser un diagnostic plus fin sur les multiples problèmes qu’ils rencontrent et sur la manière de les surmonter. Alors qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Comment sont-ils pris en charge par les associations et les institutions sociales ?

Voilà quelques-unes des questions qu’Esprit de justice va se poser avec Marguerite Aurenche, magistrate, qui a été juge des enfants et qui est cheffe du pôle "Défense des droits de l’enfant" auprès de la Défenseure des droits. et Olivier Peyroux, sociologue, spécialiste des questions de migrations des mineurs qui a rédigé de nombreux articles à ce sujet,

Olivier Peyroux "La plupart du temps, on est sur une migration de type économique. Pour les mineurs, bien sûr qu'il y a l'accès à la mondialisation où ils ont l'impression d'être spectateurs en restant dans leur pays, et le fait de venir, fait qu'ils espèrent devenir acteurs de cette mondialisation. [...] On est vraiment sur une décision individuelle (des jeunes mineurs) qui est un indice de migration, qui va être poussée par les images de mise en scène d'une réussite sociale et matérielle qu'ils vont voir de leurs amis qui sont déjà arrivés en Europe."

Marguerite Aurenche "Il y a quelques filles, moins nombreuses, au parcours très différent. Ce que j'ai vu, comme juge des enfants, et également au Défenseur des droits, c'est une grande vulnérabilité avec des jeunes filles qui vont, sur leur parcours migratoire, subir de nombreux traumatismes et les porter ensuite en arrivant en France, qui sont souvent plus vulnérables et demandent une protection particulière, avec aussi des risques de prostitution qui sont très grands et que l'on connaît."

Olivier Peyroux "On est à peu près sur 10 % des mineurs non accompagnés qui ont des problèmes avec la justice et donc dans 90 % des cas, ils n'ont aucun problème avec la justice, qui s'intègrent parfaitement."

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Olivier Peyroux "Quand les situations de traite apparaissent, notamment par rapport à la protection de l'enfance, c'est tout simplement parce que la protection de l'enfance est relativement faible, c'est-à-dire qu'il y a très peu "d'aller vers" [...] Dans beaucoup de situations, on s'aperçoit que si on n'a pas une protection proactive, on ne peut pas rencontrer des mineurs qui sont en danger. Et du coup, à partir du moment où on ne les voit pas, on ne va pas à leur rencontre, c'est facile de les utiliser pour faire de l'argent et c'est comme ça qu'ils tombent dans des réseaux de traite."

Marguerite Aurenche "A 18 ans, l'accompagnement est remis en cause, mais, il y a la poursuite normalement de cet accompagnement pour les jeunes majeurs. On parle du contrat "jeune majeur", qui, depuis la loi de 2022, est obligatoire dès lors que le jeune a été suivi par l'aide sociale à l'enfance comme mineur et qu'il n'a pas de ressources ni de soutien familial, et il va être indépendant de toute régularité de la situation."

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Extraits musicaux

  • Morceau choisi par Olivier Peyroux : " J'ai marché jusqu'à vous" du groupe HK - Album : "L'empire du papier" (2017) - Clip d'après les images du film documentaire de Rachid Oujdi : "J'ai marché jusqu'à vous, récits d'une jeunesse exilée" (2016 /52mn).
  • Morceau choisi par Marguerite Aurenche : " Fantaisie- impromptu (Op.66) en do dièse mineur" de Frédéric Chopin interprété par Alexandre Tharaud.

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