Transition écologique : casse-tête économique

Votre e-mail La décarbonation de l’économie va peser lourd. ©Getty - Andriy Onufriyenko
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Dans un rapport rendu ce lundi à Matignon, l'économiste Jean Pisani-Ferry et l'inspectrice générale des finances Selma Mahfouz soulignent le coût de la transition écologique mais esquissent également des solutions pour parvenir à la financer. Alors, comment atteindre nos objectifs environnementaux?

Avec
  • Jean Pisani-Ferry Économiste, professeur à Sciences Po, ancien commissaire général de France Stratégie

Intégrer l’économie du climat à la politique économique

Avant ce rapport, on considérait que l'économie du climat était une économie de long terme, un sujet qui n'était pas dans l'horizon de la politique économique.”, explique l’économiste Jean Pisani-Ferry.Donc on avait d'un côté la politique économique telle qu'on la pratique, avec les budgets, la programmation des finances publiques, etc., et puis de l'autre, on avait la question du climat. Il ajoute que : "pour faire rentrer la question climatique dans l'horizon proche de la politique économique, cela nécessite certaines précisions. Cela implique de calculer combien ça coûte, qui doit investir, combien doit-on investir, etc.” En d'autres termes, "il s’agit d'avoir une représentation économique un peu plus générale de la question du climat". Il précise que l'on parle d'objets “concrets” : “combien y a-t-il de chaudières à fioul et combien cela coûte de les changer ? Quel investissement supplémentaire cela représente ?”.

Redéploiement, endettement, prélèvements obligatoires

S'agissant des directions suggérées par le rapport - le redéploiement, l’endettement, les prélèvements obligatoires - tout le monde n'est pas d'accord. En particulier la question de l'endettement et celle du redéploiement ne font pas consensus. Jean Pisani-Ferry relève que “dès que l'on entre dans le concret, y compris de chaque niche fiscale, cela pose problème. Typiquement, la non taxation du kérosène ne fait pas partie des calculs des niches fiscales. Or une taxation du kérosène, c'est le droit commun. Donc c'est une source importante à privilégier pour faire pour le financement de cette transition. Concernant l'endettement, le ministre des Finances Bruno Le Maire lui-même n'est pas pour l'endettement, parce qu'il n'y a pas de marges de manœuvre à Bruxelles, parce qu'il est inquiet de la réaction des agences de notation, etc. Mais il n'est pas pour non plus des impôts”.

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Qu'en est-il des prélèvements obligatoires ? "Je pense qu'il faut un financement diversifié, et notamment un impôt exceptionnel et temporaire sur le patrimoine financier des 10 % de ménages les plus aisés, soit une assiette plus large que l'Impôt Sur la Fortune, ce qui est également difficile à faire accepter puisque c'est un coût important pour les finances publiques, auquel il faut ajouter une partie qui vient aussi de la baisse des recettes. Parce que si vous investissez pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles, vous n'investissez pas pour augmenter vos capacités de production, ni pour améliorer votre efficacité générale. Les trois candidats sont donc redéploiements, endettement, prélèvements obligatoires et il ne faut pas exclure les prélèvements obligatoires”, conclut l’économiste.

L’équité, condition sine qua non à la politique économique du climat

Ces efforts ont un coût considérable pour les ménages les plus modestes. L'investissement requis pour rénover sa maison, changer sa chaudière, changer de voiture, etc., c'est à peu près un an de revenus, voire plus. "La somme est énorme, relève en effet Jean Pisani-Ferry. On demande un effort considérable et cet effort considérable ne sera accepté que s'il y a une forme d'égalité des sacrifices entre les catégories sociales. Donc, il ne suffit pas d'aider les classes moyennes, il faut aussi que de manière visible, tout le monde y contribue”.

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