Riot Grrrl : de l'émeute, du rock et du féminisme

Erica Dawn Lyle, Tobi Vail, Kathleen Hanna et Kathi Wilcox du groupe Bikini Kill pendant le Riot Fest au Douglas Park le 15 septembre 2019 à Chicago, - Daniel Boczarski
Erica Dawn Lyle, Tobi Vail, Kathleen Hanna et Kathi Wilcox du groupe Bikini Kill pendant le Riot Fest au Douglas Park le 15 septembre 2019 à Chicago, - Daniel Boczarski
Erica Dawn Lyle, Tobi Vail, Kathleen Hanna et Kathi Wilcox du groupe Bikini Kill pendant le Riot Fest au Douglas Park le 15 septembre 2019 à Chicago, - Daniel Boczarski
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C’est aux Riot grrrls que l’on doit la scène alternative féministe queer et c’est aussi à elles que l’on doit le “girl power”. Citées aussi bien par Beyonce que par Miley Cyrus, les Riot grrrls continuent d'influencer la jeune génération par leur détermination, leur radicalité et leurs valeurs.

Riot grrrl est un mouvement musical à la croisée du punk rock et du rock alternatif. Par et pour les femmes, ce courant a émergé au début des années 90 dans l’état de Washington et dans le Nord-Ouest Pacifique, en particulier à Olympia et Portland aux États-Unis. Les groupes de musique qui s’y rattachent dénoncent le sexisme, le racisme et toutes les formes de pouvoir. Bien plus qu’une scène musicale indépendante, Riot grrrl s’implique également dans d’autres formes d’art et d’actions politiques. Les riot grrrls tiennent également des conférences et organisent et soutiennent la place des femmes dans la musique. Ce mouvement est très peu connu en France, notamment parce que celles qui le portent ont refusé d'être des étandars d'un féminisme mainstream qui ne leur correspond pas.

Bikini Kill, les pionnières

Formé en octobre 1990, le groupe est considéré comme précurseur du mouvement riot grrrl. Profondément radical, Bikini Kill a inspiré de nombreux groupes punk féminins des années 1990, 2000 et 2010. Bikini kill est formé à l’université Evergreen par Kathleen Hanna, Kathi Wilcox et Tobi Vail, qui travaillent d’abord sur un fanzine du même nom. C’est Kathleen Hanna qui travaille dans un centre d’accueil de femmes victimes de violences conjugales ou de viol qui écrit la plupart des chansons et qui inscrit fermement le groupe dans une démarche féministe radicale. Lors de leurs concerts, elles invitent les femmes à se mettre au premier rang et à pogoter.

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Pochette d'album Bikini Kill
Pochette d'album Bikini Kill

Dissolution du mouvement

Au milieu des années 90, le mouvement se dissout. D’une part parce que Bikini Kill refuse d'avoir un public trop mainstream et d’autre part parce que le groupe pressent, à juste titre, l'avenir du mouvement : L’industrie du disque passe par là et avec lui, la musique devient plus policée et plus digérable malgré des musiques aux messages toujours politiques et révolutionnaires. D’autres groupes vont tout de même continuer à évoluer dans la droite lignée des Riot grrrls. C’est le cas du groupe Jack Off Jill qui se produit avec le tout jeune Marilyn Manson lors des premiers concerts du groupe. Influencé par les riot grrrls, le groupe se redessine avec de nouvelles musiciennes punks.

Les riot grrrls en héritage

Les riot grrrls influencent encore aujourd’hui. Beth Ditto, leadeuse du groupe gossip revendique cet héritage. “J’étais seule et différente à l’adolescence, j’ai découvert Bikini Kill et le mouvement des riot grrrls et je me suis dit : ça y est, je sais qui je suis”. Lizzo, prodigieuse chanteuse et rappeuse américaine formée à la flûte traversière classique ancre également son parcours et ses revendications dans la lignée de celles des riot grrrls. Son dernier album “Big Grrrl, small world” est un clin d’œil direct au mouvement et à ses R énervés. Son tube “grrrls” est une reprise féministe du tube machiste “Girls on the beach” des Beach Boys.

Programmation musicale et archives

  • Bikini Kill, Rebel Girl
  • The Slits, Typical Girl
  • Au Pairs, Come Again
  • Archive : Mathilde Carton sur Kathleen Hanna, émission côté club, France inter, 2021
  • Bikini Kill, Feels Blind
  • Bratmobile, Cool Smoosh
  • Archive : Manon Labry, docteure en civilisation nord-américaine sur la montée en puissance du mouvement à Washington en 1991, LSD “Punk génération no future : néo punk et féministes”, France culture, 2019
  • Sleater Kinney, Dig me out
  • PJ Harvey, Legs
  • Jack Off Jill, Spit and Rape
  • Bratmobile, Juswanna
  • Gossip, Standing in the way of control
  • Lizzo, Grrrls
  • Le Tigre, Deceptacon

Bibliographie

Mathilde Carton, Riot Grrrl: Revolution Girl Style Now, éditions Les mots et le reste, 2021
Manon Labry, Riot Grrrls: Chronique d'une révolution punk féministe, éditions La Découverte, 2016

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