"Mémoires d’Hadrien", "L'Œuvre au noir"... Marguerite Yourcenar est une figure incontournable de notre patrimoine littéraire. Mais qu’en est-il de ses nouvelles et de sa poésie ? Quelle part mystérieuse de son œuvre reste encore à découvrir ?
- Bruno Blanckeman Professeur de littérature
Première femme élue à l'Académie française, Marguerite Yourcenar était une remarquable conteuse. Si l'écriture était pour elle un terrain d'expérimentation, elle ne s'exprimait jamais aux dépens de ses lecteurs. Pour les 120 ans de sa naissance, allons voir ses textes les moins connus, et pour certains même, les plus étonnants.
Le conte comme expérimentation du récit de la douleur
"C'est en lisant les Nouvelles orientales de Yourcenar que l'on comprend ce que permet la forme du conte : l'improbabilité, la cruauté de l'histoire... Au XXᵉ siècle comme au XVIIᵉ, le conte est une manière de comprendre notre vie par un imaginaire interposé. Marguerite Yourcenar utilise le conte pour nous entraîner dans un univers parallèle, comme l'Antiquité, tout en préservant une exigence de réflexion et une simplicité dans l'expression." Bruno Blanckeman
"Feu", une grande méditation sur le désespoir
"L'écriture est pour Yourcenar une manière de dépasser la douleur, d'en faire le lieu d'un travail littéraire sur le style, le rythme et la richesse de la langue. L'écriture fait basculer la douleur dans une durée qui n'est plus celle de la souffrance humaine, mais celle de l'art. C'est une utopie qui fait tout l'engagement de Marguerite Yourcenar en littérature : pour elle, la douleur est une motivation, une justification du métier d'écrivain et de la littérature." Bruno Blanckeman
L'ironie du sort humain
"Il faut replacer Feu dans un univers littéraire plus vaste, traitant de la question de l'ironie du sort : l'humanité est constamment confrontée à sa propre absurdité. Il y a ici quelque chose qui participe de cette philosophie de l'absurde que l'on trouvera plus tard chez Camus et Sartre. Yourcenar l'aborde à sa manière, qui est celle d'un conte cruel. Elle est ici inspirée par une littérature de la cruauté qui est apparue dès la fin du XIXᵉ siècle. La cruauté était extrêmement vindicative, elle remettait en question l'humanité triomphante." Bruno Blanckeman
Sons diffusés :
- Archive de Marguerite Yourcenar, le 6 mars 1980, elle est la première femme à entrer à l’Académie Française
- Extrait de Feux, de Marguerite Yourcenar, Patrocle ou le destin, 1936, édition Gallimard, lu par Anaïs Ysebaert
- Extrait de Feux, de Marguerite Yourcenar, Sappho ou le suicide, 1936, édition Gallimard, lu par Anaïs Ysebaert
- Archive de Marguerite Yourcenar, France Culture, 4 février 1971
- Chanson de Françoise Hardy, Il n'y a pas d'amour heureux
- Extrait des Nouvelles orientales, de Marguerite Yourcenar, Comment Wang-Fô fut sauvé, 1938, lu par Jacques Gheyssens
- Chanson de Jolene, J.A.M. (Jalousie Amour Mort)
Bibliographie :
- Bruno Blanckeman a dirigé et édité le Dictionnaire Marguerite Yourcenar, aux éditions Honoré Champion
- Marguerite Yourcenar, Feux et Nouvelles Orientales, aux éditions Gallimard
- Correspondance de Yourcenar des années 1964-1967 : Le pendant des Mémoires d’Hadrien et leur entier contraire, texte établi et annoté par Bruno Blanckeman et Rémy Poignault, préfacé et coordonné par Elyane Dezon-Jones et Michèle Sarde, aux éditions Gallimard nrf
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