Grève féministe

Grève féministe 14 juin 2020 ©Maxppp - MARTIAL TREZZINI
Grève féministe 14 juin 2020 ©Maxppp - MARTIAL TREZZINI
Grève féministe 14 juin 2020 ©Maxppp - MARTIAL TREZZINI
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En Suisse, le 14 juin est une date importante pour les féministes depuis que la grande grève des femmes de 1991 a revendiqué l'application de l'égalité homme/femme, inscrite dans la Constitution dix ans auparavant. Des grévistes racontent leur combat. Un récit signé Anne Delseth.

Le 14 juin 1991, plus de 500 000 femmes ont battu le pavé en Suisse pour faire entendre leurs droits. Depuis, le 14 juin est la date officielle de ce rassemblement pour l'égalité hommes-femmes. En 2019, Léa, jeune femme suisse et professeure de mathématiques, a participé à la Grève féministe à Lausanne. Elle raconte l'adrénaline et la joie de cette manifestation féministe. "À minuit on a lancé le début de la grève. On avait des casseroles et des fumigènes… On a poussé des grands cris et c'était vraiment super."

Léa : "On se bat contre le patriarcat, ce n'est pas rien."

"On était 60 000 à Lausanne en sachant que la ville réunit 100 000 habitants. On était tellement heureuses de voir ça. Après tous ces mois de travail, de discussions pour organiser la manifestation, comme les autorisation de manifester, on avait réussi !"

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"Je n'ai pas été au travail le lundi parce que je n'avais pas la force. Quand je suis retournée travailler le 'burn out' de la fatigue et celui du travail se sont mélangés et j'ai démissionné mi-septembre. C'est comme si j'avais trop fait… Je n'avais plus de barrière ou de protection contre le monde extérieur. On se bat contre le patriarcat, ce n'est pas rien quand même…"

Marie, 16 ans, raconte qu'elle a été victime de discrimination en raison de sa couleur de peau, mais également de son genre. "J'ai eu des années compliquées, avec du harcèlement, et de la discrimination par rapport à mon physique, à ma couleur de peau et à la texture de mes cheveux aussi. On m'a déjà dit 'négresse'..."

"En Suisse, il n'y a pas une si grande diversité. On se rend compte assez vite qu'on est différents des autres et en grandissant, on essaye de plus en plus de se diriger vers des personnes qui nous ressemblent."

"En quatrième, je suis arrivée dans une classe où il y avait une fille camerounaise, guadeloupéenne et italienne. En discutant avec elles de ce qu'on avait vécu au niveau de nos classes, de l'appartenance, on s'est rendues compte qu'on avait des expériences similaires, comme les remarques qu'on nous faisait."

Marie : "J'avais l'impression que la Grève n'était focalisée que sur les femmes d'Occident."

"J'ai vraiment réalisé que j'étais une fille noire lorsque je voyais qu'on me traitait différemment des autres."

Le 14 juin 2019, Marie se rend à la grande Grève féministe en Suisse. "J'avais l'impression qu'on était focalisés sur les femmes blanches vivant en Occident et pas sur les femmes racisées ou celles qui portent le voile. (…) C'était comme si, en portant la casquette de personne racisée, je ne pouvais pas porter la casquette de simple femme."

Martin, 15 ans, a été sensibilisé aux problèmes d'inégalités entre les hommes et les femmes, en partie par sa mère. "Elle m'a expliqué un peu mieux ces inégalités et à quel point c'était important. Elle m'a dit que les générations d'avant s'étaient battues pour avoir ne serait-ce que le minimum : ouvrir un compte à la banque sans son mari. C'est là que je me suis intéressé au sujet et que j'ai commencé à me poser des questions."

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"Je me sens un peu féministe parce qu'il s'agit d'une cause qui touche tout le monde et une société de façon générale."

Merci à Léa, Marie, Martin, Patrick Muroni, Emilie, Séverine, Olga et Pauline Graff, Alessandra de Raemy, Rachel, Pauline, Julie, Jonas, Joëlle, Loïc.

  • Reportage : Anne Delseth
  • Réalisation : Emmanuel Geoffroy

Chanson de fin : "Le 14 juin nous y voilà" (paroles ici)

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