Communautés LGBTQ : au cœur de la confrontation Est/Ouest : épisode • 1/4 du podcast Un monde en quête d'amours

En raison de la guerre, les Ukrainiens LGBTQ se sont joints à la marche des fiertés de Varsovie, le 25/06/22 ©AFP - Wojtek Radwanski
En raison de la guerre, les Ukrainiens LGBTQ se sont joints à la marche des fiertés de Varsovie, le 25/06/22 ©AFP - Wojtek Radwanski
En raison de la guerre, les Ukrainiens LGBTQ se sont joints à la marche des fiertés de Varsovie, le 25/06/22 ©AFP - Wojtek Radwanski
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Au cours de la dernière décennie, l'ancien bloc soviétique a vu la montée en puissance d'un discours faisant de la communauté LGBTQ le symbole de la décadence occidentale et appelant à faire obstacle à sa "contagion". En Russie, la propagande s'est exacerbée depuis le début de la guerre en Ukraine.

Avec
  • Maxime Forest Enseignant à Sciences-Po, rattaché au laboratoire Présage, un programme de recherche et d'enseignement des savoirs sur le genre
  • Arthur Clech Chargé de recherche au Cevipol, un laboratoire de l'université libre de Bruxelles, au Fond national pour la recherche scientifique (FNRS) et chercheur associé à la Sorbonne et au Centre d'étude des mondes russes, centre-européens et caucasiens de l'EHESS
  • Hazal Atay Chercheuse à Sciences-Po

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, Vladimir Poutine martèle qu’il mène, aussi, un combat contre la dépravation, dont se serait rendue coupable l’Ukraine en voulant se rapprocher de l’Union européenne. On voit d’ailleurs, au cœur des combats, des “bataillons LGBTQ” qui souhaitent défendre et la démocratie, et leurs droits.

Dans le même temps, la rhétorique russe dénonce un ennemi extérieur, l’Europe “défenseuse des minorités de genre”, et une menace interne, les communautés LGBTQ. Au sein-même de l'Union européenne, des pays comme la Hongrie ou la Pologne utilisent le même discours, allant jusqu'à provoquer la confrontation dans les institutions. Ainsi, l’UE veut faire fléchir le gouvernement de Viktor Orban sur ses lois considérées comme “anti-gay”.

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Comment s’articule cette confrontation entre la Russie et l'Union européenne ? Pourquoi et de quelle manière cette rhétorique circule dans les espaces post-soviétiques, qui ont pourtant, pour la plupart, décriminalisé l’homosexualité après la chute de l’URSS ? Comment l’UE s’est-elle construite l’image de défenseuse des droits des LGBTQ, contre l’Est ?

Julie Gacon reçoit Maxime Forest, enseignant Sciences-Po, rattaché au laboratoire Présage, un programme de recherche et d'enseignement des savoirs sur le genre ainsi que Arthur Clech, chargé de recherche au Cevipol, un laboratoire de l'université libre de Bruxelles, au Fond national pour la recherche scientifique (FNRS) et chercheur associé à la Sorbonne et au Centre d'étude des mondes russes, centre-européens et caucasiens de l'EHESS.

D’après Maxime Forest, la propagande russe fait de la guerre en Ukraine une guerre des cultures avant même un conflit géostratégique : “Dès son premier discours de justification de sa guerre d’agression en Ukraine, Vladimir Poutine a davantage parlé de la cancel culture, des droits des personnes LGBTQ et de l’Occident dépravé que des ambitions d’extension de l’OTAN ou du positionnement de missiles américains de longue portée.

Pour Arthur Clech, le clivage Est-Ouest sur la question LGBTQ est loin d’être aussi marqué que l’on ne le prétend : “Dans le camp européen, des pays comme la Pologne présente un degré d’homophobie largement comparable à celui de la Russie. Même en France, l’évolution n’est que très récente et la Manif pour tous nous a montré des résistances encore très fortes. Inversement, les discours et législations anti-LGBTQ russes sont largement inspirés historiquement de pays occidentaux.

Pour aller plus loin :

Le Temps du débat
47 min
La Question du jour
10 min

Seconde partie : Turquie, rejeter l’UE et les communautés LGBTQ

La police turque a arrêté des centaines de manifestants participant à la marche des fierté, interdite pour la neuvième année consécutive, le 26/06/23
La police turque a arrêté des centaines de manifestants participant à la marche des fierté, interdite pour la neuvième année consécutive, le 26/06/23
© AFP - Kemal Aslan

Avec Hazal Atay, chercheuse à Sciences-Po.

En Turquie, la communauté LGBTQ est l'une des figures repoussoirs des discours du président Erdogan. À ses débuts au pouvoir, l'AKP avait pourtant adopté plusieurs réformes favorables aux droits des femmes et des minorités. Aujourd'hui, ces minorités sont dépeintes comme le produit malsain d'influences étrangères et en particulier européennes.

La religion, en tant que conception du monde, a une influence déterminante sur le mouvement anti-genre et ce dans des pays très musulmans comme la Turquie aussi bien que très chrétiens comme la Hongrie. La Turquie cite d'ailleurs souvent comme exemple la Russie ou la Pologne” explique Hazal Atay.

Références sonores & musicales

Une émission préparée par Bertille Bourdon.

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