95 ans du Bolero de Ravel : le plus grand tube de musique classique de tous les temps ?

Maurice Ravel en avril 1928 sur le paquebot de New York au Havre - Les Amis de Maurice Ravel
Maurice Ravel en avril 1928 sur le paquebot de New York au Havre - Les Amis de Maurice Ravel
Maurice Ravel en avril 1928 sur le paquebot de New York au Havre - Les Amis de Maurice Ravel
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L’entendre, c’est l’avoir tout de suite dans la tête... Il ne cesse de nous bercer, d’être repris et de nous hanter : le Bolero de Ravel. Mais comment le compositeur a-t-il fait pour créer une telle musique, capable de nous rester en tête, même 95 ans plus tard ?

Avec
  • Manuel Cornejo Spécialiste de Ravel

"Pas de musique, pas de composition, seulement un effet d'orchestre"
Voici ce qu'avait en tête Maurice Ravel quand il entreprit son célèbre Bolero, il y a 95 ans, en 1928.
Il en parle même comme d'une machine, et c'est vrai, à écouter le même motif répété 170 fois en 16 minutes.
Se serait-on trompé avec le Bolero ? Tube de la musique classique, serait-il aussi et paradoxalement le moins musical d'entre tous ?

Un tour de force d'orchestration

"Le Bolero fonctionne selon des principes d'ostinato et de crescendo. Surtout, Ravel manie magistralement le mariage des timbres et des instruments, au-delà des associations habituelles. Il s'ingénie aussi à masquer des timbres derrière d'autres : on pense entendre un instrument et c'en est en réalité un autre. Ravel aimait beaucoup jouer avec l'auditeur." Manuel Cornejo

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Une œuvre entre la Russie et les États-Unis

"Le Bolero est à la fois russe et américain. Tout d'abord, le grand art ravélien de l'orchestration lui vient en partie de sa fascination pour la musique orchestrale russe et le Groupe des Cinq, notamment Moussorgski et Borodine. Mais on reconnaît aussi l'influence de la tournée américaine que Ravel avait fait juste avant de composer le Bolero. Il y visite les usines automobiles Ford, par lesquelles il est fasciné : on retrouve cette obsession de la chose mécanique dans le Bolero." Manuel Cornejo

Comment comprenez-vous le Bolero ?

"Le Bolero est l'objet de multiples interprétations. Maurice Ravel parle du Bolero comme d'une sorte de danse macabre, tragique. Un des élèves de Maurice Ravel qualifie le final de décapitation. Certains parlent aussi de victoire des forces du mal, ou d'un dernier adieu au monde aimé. Au contraire, le grand musicologue Christian Goubault se demande si la fin de l'œuvre ne conduit pas plutôt à une sorte de jardin d'Éden, à l'Assomption, à la gloire de la danse, de la féminité, de l'humanité. Maurice Ravel parle aussi de l'aspect sexuel, voir orgiaque, de l'œuvre." Manuel Cornejo

Sons diffusés :

  • Archive d'André Obey dans l’émission Entretiens avec, France Culture, 24/07/1965
  • Maurice Ravel, Bolero, disque Polydor, 1930, seul enregistrement dirigé par Ravel lui-même
  • Archive d'Arthur Rubinstein dans l’émission Grâce à la musique, France 3, 15/03/1980
  • Extraits du Bolero de Ravel joué par l'Orchestre de Suisse Romande dirigé par Ernest Ansermet, disque Decca, 1992
  • Archive de Vladimir Jankelevitch dans l’émission Écrits sur la musique, France Culture, 25/10/1972
  • Archive de Maurice Béjart dans Inforum, France Inter, 03/02/1988
  • Mix avec des extraits d'interprétations du Bolero : Benny Goodman and his orchestra (1939), Enrique Ugarte (1991), Tomita (1980), Gilbert Bécaud (Et maintenant, 1961), Vein (2017), Pierre Dac et Francis Blanche (Le parti d’en rire, 2009), Olivier Vernet et Cédric Meckler (2021)

Bibliographie :

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