Comment perdre une grève ?

Paris, 6 avril 2023, deux personnes attablées lors d'une des manifestations contre la réforme des retraites. ©AFP - Thomas SAMSON
Paris, 6 avril 2023, deux personnes attablées lors d'une des manifestations contre la réforme des retraites. ©AFP - Thomas SAMSON
Paris, 6 avril 2023, deux personnes attablées lors d'une des manifestations contre la réforme des retraites. ©AFP - Thomas SAMSON
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Retour sur une année de mouvement social contre la réforme des retraites avec un récit à la première personne d’un habitué des mouvements sociaux qui échouent. Un récit signé Olivier Minot

Après plusieurs mois de mobilisation active contre la réforme des retraites, la loi tant contestée est adoptée à l'aide du 49.3 à l'Assemblée nationale. Olivier Minot a alors tendu son micro aux militants pour essayer de comprendre comment on perd une grève… Entre souvenirs de violences, petites victoires et politisation, des manifestants racontent la mobilisation massive de 2023 à laquelle ils ont participé.

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Les Pieds sur terre
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Il y a celles et ceux qui croient en la jeunesse. "Moi j'ai deux filles et je me dis qu'elles se battront aussi… Il faut garder espoir. On est bien obligés !" Manifestante

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Une manifestante : "Il m'a traînée par terre sur plusieurs mètre"

Il y a aussi les lycéens qui se sont battus contre la réforme des retraites en allant bloquer l'entrée des lycées. Ludivine a 17 ans et a pris part à plusieurs blocus lycéens. "J'ai participé à des blocages qui n'étaient pas dans mon lycée pour soutenir les autres. Dans certains établissements ça s'est plutôt mal passé parce qu'il y avait souvent des personnes très politisées mais pas du même bord politique que nous. C'était parfois très violent comme lorsqu'ils nous lançaient des œufs."

Pour d'autres lycéens, c'est le souvenir des tirs de LBD et des gaz lacrymogènes qui reste en tête. *"Il y a 400 camions de CRS qui sont arrivés. Ils sont directement descendus, avec les boucliers à la main, les casques sur la tête et ils ont chargé, sans essayer de comprendre quoique ce soit et quelles étaient nos revendications. Il n'y a eu aucune discussion et tout ça s'est passé devant le regard de notre proviseur qui observait le spectacle par sa fenêtre." *Zinédine (lycéen)

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"Un policier m'a attrapée par les deux bras ce qui m'a fait perdre l'équilibre. Il m'a ensuite traînée par terre sur plusieurs mètres. En me relevant, il m'a secouée en hurlant que je devais retirer un bout d'autocollant que j'avais collé. Je me suis exécutée sans un mot, mais son regard était tellement empli de haine que je me suis mise à pleurer devant lui." Jeune manifestante

Alix : "Tout ce qui pouvait cramer flambait !"

Durant ces mois de mobilisation, plusieurs banques, assurances et magasins ont été brûlés. Alix, un manifestant raconte la joie avec laquelle tout le monde voulait mettre le feu pour revendiquer ses droits. "C'était 'Vive le feu' tout le temps. Le ciel était noir et il y avait du feu partout, c'était impressionnant. Tout ce qui pouvait cramer flambait : des pylônes, des feux de signalisation, les abribus etc. Puis, il y a eu les pillages des magasins. Lorsque la vitre entière du Carrefour City est tombée, j'ai vu ça comme une porte d'entrée et j'ai foncé vers le red bull. C'était génial, j'en distribuais à tout le monde. J'ai vu des personnes arroser la foule avec du champagne, c'était complètement fou comme scène."

Merci à Nelson ouvrier de la construction, Emeline, électricienne, Ludivine et Zinedine les lycéen·ne·s, Haikel l'informaticien, et Alix le chômeur en k-way noir, merci aussi à Reno, Laurent, à SUD informatique, à la CGT énergie et à Annabelle.

  • Reportage : Olivier Minot
  • Réalisation : Clémence Gross
  • Mixage : Pierre Henry

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