1920, Les 21 conditions d’adhésion à l’Internationale communiste

Parmi ces textes-manifestes mobilisateurs qui ont indéniablement changés le cours de l’histoire, les 21 conditions d’adhésion à l’Internationale communiste mise sur pied par Lénine et ses camarades, la IIIe Internationale, sont déterminantes. Traumatisés par la boucherie de 14-18, nombreux sont les adhérents des différents partis socialistes comme des syndicats à s’exalter devant une révolution russe qu’ils imaginent avoir mis à bas le capitalisme pour le meilleur.

Devant cet enthousiasme Lénine rédige 21 règles de fonctionnement d’une Internationale en construction, auxquelles doivent se soumettre sans discuter ceux qui veulent y adhérer. Plus encore, à travers l’Europe, les vieux dirigeants socialistes sont d’emblée désignés comme indésirables. Partout des scissions vont être organisées afin d’écarter des futurs partis communistes, tous ceux qualifiés de "réformistes, d’opportunistes, de traitres à abattre".

Ainsi est véritablement lancée cette internationale plus longtemps mieux connue sous son nom russe de Komintern.

Dès avant même la victoire des Bolcheviks, Lénine en avait conçu le projet espérant en faire un outil pour étendre un projet révolutionnaire qui lui semblait ne pas pouvoir être cantonné à une Russie paysanne et arriérée.

Une ébullition révolutionnaire traverse alors l’Europe des usines aux campagnes. Et bien sûr dans la rue. Grèves, affrontement, tentatives insurrectionnelles en Allemagne, en Hongrie, émergence des fascistes initiés par ce traitre au socialisme qu’est, en Italie, Mussolini. Assassinat de Walther Rathenau par des nationalistes qui vont devenir nazi. La période désarçonne.

L’intensité de l’affrontement de classe justifie-t-il d’abandonner les principes démocratiques ? Léon Blum le contestera fortement dans un discours pour la défense de la vieille maison qui sera prémonitoire.

Afin d’échanger sur l’histoire, les enjeux et la postérité de ces 21 conditions d’adhésion à l’Internationale communiste qui constitueront la pierre angulaire des organisations communiste pendant plusieurs décennies, nous recevons Stéphane Courtois et Yolène Dilas-Rocherieux.

Invités

• Stéphane Courtois : Directeur de recherche honoraire au CNRS, historien du communisme
• Yolène Dilas-Rocherieux : Maîtresse de conférences émérite en sociologie et politique à l’Université de Nanterre

Bibliographie

• Rien n'est à personne : du communisme au commun, retour aux origines, Yolène Dilas-Rocherieux, éd. Vendémiaire, 2020
• L'Utopie ou la mémoire du futur, de Thomas More à Lénine, Yolène Dilas-Rocherieux, éd. Robert Laffont, 2000
• Histoire du Parti communiste français, Stéphane Courtois, Marc Lazar, Sylvain Boulouque, éd. PUF, 2022
• Le livre noir du communisme : crimes, terreur et répression, Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Jean-Louis Panné et al., éd. Robert Laffont, 1997
• Démocratie et révolution de 1789 à nos jours : cent manifestes , sous la direction de Stéphane Courtois, Jean-Pierre Deschodt, Yolène Dilas-Rocherieux, Éditions du Cerf, 2012
• Lénine, l'inventeur du totalitarisme, Stéphane Courtois, éd. Perrin, 2017
• Ma vie, Léon Trotski, traduit du russe par Maurice Parijanine, préface Alfred Rosmer, éd. Gallimard/Folio, 2017