Dans le cinéma, l'intelligence artificielle inquiète

L'intelligence artificielle est utilisée dans de nombreux métiers du cinéma, jusqu'à la réalisation ©Getty - Donald Iain Smith
L'intelligence artificielle est utilisée dans de nombreux métiers du cinéma, jusqu'à la réalisation ©Getty - Donald Iain Smith
L'intelligence artificielle est utilisée dans de nombreux métiers du cinéma, jusqu'à la réalisation ©Getty - Donald Iain Smith
Publicité

L'intelligence artificielle ne cesse de s'étendre dans le cinéma : montage, effets spéciaux, doublage, jusqu'à la réalisation. Si la technologie fascine, elle suscite aussi de nombreuses inquiétudes pour certains professionnels, qui s'interrogent sur leur avenir.

L'encadrement de l'intelligence artificielle dans le cinéma et la télévision est un point majeur parmi ceux qui ont entraîné la grève des acteurs et scénaristes à Hollywood. Entamé il y a plus de trois mois, ce double mouvement social, inédit depuis 1960, se poursuit et les négociations entre les studios et les plumes de l'industrie cinématographique et télévisuelle américaine devraient reprendre ce vendredi. Une dizaine de stars parmi les plus célèbres et fortunées d'Hollywood, de George Clooney à Meryl Streep, ayant donné chacune un million de dollars ou davantage pour soutenir les acteurs américains en grève, a indiqué le fonds de solidarité de leur syndicat mercredi.

Le Reportage de la Rédaction
8 min

"Fascinée et effrayée par les résultats"

Pour son court-métrage "Imagine", la réalisatrice Anna Apter a demandé à MidJourney de créer des images, qu'elle a ensuite animées afin d'en faire un film d'un peu plus de deux minutes. "J'avais envie d'essayer un truc où je n'avais aucun intermédiaire. J'ai été assez fascinée par les résultats [de l'intelligence artificielle] et assez effrayée aussi parce que cela pose des centaines de questions sur l'avenir des métiers créatifs. Et je me suis demandée ce que je pouvais faire d'artistique à partir de cet outil et ne pas l'utiliser comme une fin en soi. Donc j'ai écrit un texte sur nos existences artificielles et je trouvais que cela avait du sens de l'illustrer avec une IA.

Publicité

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Mais certains vont bien plus loin comme dans le court-métrage "The Safe Zone". Lui a été entièrement écrit et réalisé par une IA. Les producteurs de ce projet expliquent sur le site internet avoir voulu montrer qu'humains et IA peuvent coexister avec succès, à condition de mettre en place des réglementations.

Des règles pour protéger les métiers du cinéma

Ce sont justement plus de règles que réclame le collectif UVA pour United Voice Artists, lancé il y a quelques mois par des associations et syndicats de doubleurs dans le monde entier. Il s'alarme de potentiels vols de voix et dénonce l'utilisation par des entreprises d'IA de certaines voix de doubleurs et doubleuses. En France, l'association Les Voix, qui fait partie du collectif UVA, a alerté gouvernement et parlementaires des risques de l'IA pour le métier. Le comédien Michel Elias, doubleur de nombreux personnages et notamment de Pumba dans "Le Roi Lion" entend défendre son métier.

"Ce qui vient vers nous dans notre métier, c'est l'air du fake. Il faut accepter ce qui est faux, ce n'est pas grave ! On va prendre des sons, ici et là et on va créer des monstres ! Avec ces monstres, on va créer des voix nouvelles et inventer des personnages. Mais on n'a pas le droit de toucher à ce que nous faisons. Ce que nous apportons, ce que nous créons dans les personnages que nous jouons, on n'a pas le droit de s'en servir pour faire autre chose. Mais il faut protéger cela, sinon plus rien n'existera dans une vérité. Il n'y a que ce qui est vrai et sincère qui peut continuer à donner vie aux choses, à la transmission, à l'intelligence ! "

Des voix de synthèse ont déjà remplacées celles des doubleurs dans diverses productions. Dans la série "Obbi Wan Kenobi" par exemple, la voix de Dark Vador est celle de son célèbre doubleur, l'acteur James Earl Jones, sauf qu'à 92 ans, il est désormais à la retraite. Avec son accord, sa voix a donc été recréée par l'IA de l'entreprise ukrainienne Respeecher, une société fondée en 2018 et spécialisée dans l'industrie du cinéma et des jeux vidéo. Alex Serdiuk est le PDG et co-fondateur de cette entreprise : "Nous avons deux types de projets. Le premier se présente lorsque l'on a besoin d'une voix en particulier mais que l'on ne peut pas l'obtenir d'une autre manière qu'en la synthétisant car elle n'est pas disponible immédiatement et il n'y a pas d'autre moyen de l'avoir... C'est ce que nous avons mis en place dans la série "Le Livre de Booba Fett" où la voix du jeune Luke Skywalker est exactement la même que le jeune Luke Skywalker il y a 40 ans. C'est la même chose pour la voix de James Earl Jones, qui est celle de Dark Vador, dans Obbi Wan Kenobi. L'autre type de projet vise à améliorer la vitesse et la qualité des voix off et du doublage en général."

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Si pour Alex Serdiuk, l'IA permet aux productions de gagner du temps, il ne pense pas pour autant que cette technologie remplacera tout, qu'il voit surtout comme un outil que tout le monde doit encore apprendre à maîtriser.

L'équipe