Putsch au Niger : la fin de l’espoir démocratique ?

La “dégradation de la sécurité” dans le pays et la “mauvaise gouvernance” ont été invoqués par les putschistes pour justifier ce coup de force ©Getty - picture alliance /
La “dégradation de la sécurité” dans le pays et la “mauvaise gouvernance” ont été invoqués par les putschistes pour justifier ce coup de force ©Getty - picture alliance /
La “dégradation de la sécurité” dans le pays et la “mauvaise gouvernance” ont été invoqués par les putschistes pour justifier ce coup de force ©Getty - picture alliance /
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La nuit du 26 au 27 juillet dernier, un coup d'État militaire est survenu à Niamey, renversant le président en place depuis avril 2021 et installant au pouvoir le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle. Derrière ce putsch, quelles sont les raisons de la colère des Nigériens ?

Avec
  • Jean-Hervé Jézéquel Directeur de projet Sahel à l’International Crisis Group
  • Seidik Abba Journaliste et écrivain nigérien, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES)
  • Anne-Fleur Lespiaut Journaliste correspondante chez TV5 Monde

Corruption, chômage, pauvreté, incapacité à endiguer la menace djiahdiste, alliance avec des pays extérieurs… Quelles sont les raisons de la colère des Nigériens ? Comment ce ressentiment s’exprime-t-il ? Quel crédit la population accorde-t-elle encore aux élites politiques en place jusqu’à présent et dans quelle mesure soutient-elle les militaires ? Quelle alternative proposent–t-ils ? Pays très jeune, (60% de moins de 18 ans), le Niger a-t-il définitivement perdu foi en la démocratie ? Cette défiance peut-elle s’étendre à la région toute entière ?

Pour y répondre, François Saltiel reçoit Seidik Abba, journaliste et écrivain, ancien rédacteur en chef du magazine Jeune Afrique, Jean-Hervé Jézéquel, directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group et Anne-Fleur Lespiaut, correspondante à Niamey pour TV5 Monde

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Que se passe-t-il aujourd'hui au Niger ?

Jean-Hervé Jézéquel, directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group :  "le Niger a connu plusieurs coups d'État. Il en a connu cinq si on compte le dernier depuis son indépendance en 1960. A ce titre déjà, on peut commencer par noter que l'armée nigérienne a joué un rôle ambivalent dans l'histoire politique du Niger, à la fois une institution au service de l'Etat et dans le même temps, une forme de contre-pouvoir capable de renverser les dirigeants civils."

Anne-Fleur Lespiaut, correspondante à Niamey pour TV5 Monde, explique le sentiment d'espoir lié à ce coup d'Etat : "Ce coup d'Etat nourrit évidemment un sentiment d'espoir. Mais ce qu'il faut quand même rappeler, c'est que tous ces rassemblements que l'on peut voir à Niamey ne sont pas représentatifs de l'ensemble de l'opinion publique. Au Niger, on compte 25 millions d'habitants, contre un peu moins de 2 millions à Niamey. Historiquement aussi, la ville de Niamey est une ville d'opposition."

Anne-Fleur Lespiaut nuance en soulignant qu'il y a tout de même eu des manifestations de soutien : "Mais il y a eu des manifestations de soutien la semaine dernière, notamment dans le centre du pays et dans le nord des manifestations Pro Bazoum ou bien les populations se sont rassemblées pour demander la libération du président Mohamed Bazoum, qui est toujours retenu dans sa résidence par sa garde présidentielle."

La population se sent-elle en sécurité maintenant ?

Jean-Hervé Jézéquel : "Finalement, les populations, sont toujours dans une forme d'insécurité. L'amélioration de la sécurité n'a pas été la même pour tous. Au fond, la sécurité de l'Etat s'est peut être améliorée, mais pas celle des populations. Et jouant sur cette ambivalence au fond, les putschistes se saisissent de ce thème là alors même qu'ils étaient responsables de la politique mise en place ces dernières années."

Seidik Abba, journaliste et écrivain, ancien rédacteur en chef du magazine Jeune Afrique, souligne le rôle de la CEDEAO :  "Donc tout cela fait qu'aujourd'hui la CEDEAO joue sa crédibilité. Et c'est pour cette raison qu'elle n'exclut pas de faire cette opération militaire. Et comme pour donner du crédit à cette intention, elle a réuni les chefs d'état major des différentes armées. Ils sont en train de réfléchir au scénario d'une éventuelle intervention."

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