Vincent Pons, prix du meilleur jeune économiste 2023 est l'invité des Matins

Vincent Pons
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L'économiste Vincent Pons travaille sur les liens entre démocratie et économie. La vitalité démocratique d'un pays va-t-elle de pair avec sa santé économique ? Comment l'économie peut-elle expliquer les logiques de vote et d'abstention ?

Avec
  • Vincent Pons Professeur d'économie à la Harvard Business School et cofondateur d'eXplain

Deux élections ont donné envie à Vincent Pons de se lancer dans l’économie et particulièrement de comprendre son lien avec la démocratie. L’élection présidentielle de 2002 fut la première. Contre toute attente, le candidat de gauche Lionel Jospin est éliminé au premier tour, alors que le candidat de droite Jean-Marie Le Pen accède au second tour. Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Comment se fait-il que les outils d'estimation des votes n'aient pas fonctionné ?

La deuxième élection sera celle de 2008 aux États-Unis : la première victoire de Barack Obama. Vincent Pons est alors aux États-Unis et remarque une “campagne de terrain extrêmement méthodique”. Du porte-à-porte, l’utilisation de données personnelles etc… Des méthodes qui semble très différentes de ce qu’on pouvait observer en France à l’époque.

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Réhabiliter le porte-à-porte pour lutter contre l'abstention

Vincent Pons analyse le phénomène de l'abstention par le prisme coût-bénéfice. Si la participation augmente, c'est soit que les coûts augmentent, soit que les bénéfices perçus diminuent. Il pense le coût en termes informationnel : "pour voter, il faut d'abord s'informer, savoir quand l'élection a lieu, où voter, de quels documents se munir, mais aussi être en capacité de se positionner soi et les différents candidats sur l'axe gauche-droite, de reconnaître ceux dont on est le plus proche." Le coût est également administratif : "en France, il faut d'abord s'inscrire sur les listes électorales. Il y a deux étapes pour pouvoir mettre un bulletin dans l'urne".

L'économiste voit la stratégie du porte-à-porte, largement employée au cours de la campagne de Barack Obama en 2008, comme un moyen efficace d'augmenter la participation électorale : "le porte à porte est particulièrement précieux parce qu'il permet d'avoir des discussions. Or, il me semble que la santé de la démocratie repose en définitive sur cet ingrédient qui est un peu démodé, qui est la discussion entre électeurs. C'est très souvent ces discussions qui nous décident à aller voter, qui nous aident à former notre opinion."

La transition politique encourage la bonne santé économique

Vincent Pons s'intéresse également au lien entre la démocratie et la santé économique d'un pays. Ses travaux ont démontré que les transitions électorales, autrement dit quand le parti au pouvoir perd l'élection, ont des effets positifs sur l'économie : "on constate moins d'inflation, moins de chômage lorsqu'une transition a lieu, une intensification des échanges commerciaux et une amélioration de la qualité de la démocratie telle qu'elle est jugée par les experts."

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