États-Unis: "Bidenomics", un nouveau deal payant pour Joe Biden ?

US President Joe Biden speaks about his economic plan "Bidenomics" at Auburn Manufacturing Inc. in Auburn, Maine, on July 28, 2023. ©AFP - BRENDAN SMIALOWSKI
US President Joe Biden speaks about his economic plan "Bidenomics" at Auburn Manufacturing Inc. in Auburn, Maine, on July 28, 2023. ©AFP - BRENDAN SMIALOWSKI
US President Joe Biden speaks about his economic plan "Bidenomics" at Auburn Manufacturing Inc. in Auburn, Maine, on July 28, 2023. ©AFP - BRENDAN SMIALOWSKI
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Joe Biden entame la première étape de sa conquête de l’Ouest américain. L’actuel locataire de la Maison Blanche souhaite vanter sa nouvelle stratégie économique basée sur le social. Une politique qui pose alors question : rupture avec l'orthodoxie budgétaire ou opportunisme politique ?

Avec
  • Laurence Nardon Docteure en sciences politiques, responsable du programme États-Unis de l'Ifri
  • François Geerolf Économiste à l’OFCE, chercheur et professeur associé à Sciences Po Paris
  • Eric Chaney Conseiller économique de l'institut Montaigne

Ce lundi, Joe Biden entame un voyage de quatre jours dans l’ouest américain pour vanter ses "Bidenomics", sa stratégie économique, selon lui responsable de la robuste croissance et du solide marché du travail dans le pays. L’enjeu est de taille alors que l’agence de notation Fitch a abaissé la note des Etats-Unis d’un triple A à AA+.

Mais que sont exactement ces Bidenomics ? Pourquoi le président américain cherche-t-il à les promouvoir ? Peut-on parler d’une sorte de New Deal à la Roosevelt pour reconstruire l’économie des Etats-Unis ?

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58 min

Pour y répondre, Matteo Caranta reçoit Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord de l’Ifri (Institut français de relations internationales), Eric Chaney, économiste, conseiller économique à l'Institut Montaigne et François Geerolf, économiste à l'OFCE et professeur à Sciences Po Paris.

Qu'est ce que les Bidenomics ?

François Geerolf, économiste à l'OFCE et professeur à Sciences Po Paris, introduit le terme Bidenomics : "Les Bidenomics ? C'est une coloration plus démocrate de cette politique industrielle, puisque c'est majoritairement dans le secteur vert. Ensuite, il y a une politique fiscale très expansionniste, beaucoup de milliards sont dépensés dans le déficit public. Les résultats économiques sont là. On a un taux de chômage qui est le plus bas depuis 1969 autour de 3,5 % et une inflation qui est en diminution mais aussi effectivement une création d'emplois industriels."

Eric Chaney, économiste, conseiller économique à l'Institut Montaigne, souligne la comparaison entre la politique menée par Biden et celle de Roosevelt au 20ème siècle "Biden n'a pas diminué la dette publique. Il est plutôt en train d'aller dans l'autre direction. Il y a clairement une inspiration de Roosevelt dans la politique Biden. Notamment grâce à l'aspiration sociale de sa politique et cela se voit quand il dit : "Je veux qu'on crée des emplois qui soient bien payés, qui soient syndiqués, que l'effort public pour l'éducation aille dans les cités défavorisées et en particulier dans les minorités raciales". Tout cela est très similaire à ce que Roosevelt avait mis en place."

Une augmentation de la dette liée à Biden ?

Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord de l’Ifri (Institut français de relations internationales) explique : "Cette augmentation de la dette publique, les Républicains l'imputent à Biden. Or non seulement elle remonte à Trump, mais en fait, historiquement, elle date même de Reagan. Reagan, dans les années 80 avait mené une politique économique néolibérale, avec la baisse des impôts et les investissements dans les programmes militaires, il a littéralement fait exploser la dette publique de l'État. Depuis, c'est une courbe qui monte de manière régulière, que les présidents soient républicains ou démocrates. De plus, la dette n'est pas un problème parce que comme le dollar est une monnaie de réserve, les Américains n'ont aucun problème pour se financer sur les marchés internationaux de capitaux."

François Geerolf conclut en insistant sur le caractère transformationnelle de la politique économique menée par Biden : "C'est une politique plus transformationnelle qu'une stimulation de l'économie. Et ce qui est d'autant plus frappant, c'est qu'on a l'impression maintenant qu'il y a une forme de consensus entre républicains et démocrates pour sortir du néolibéralisme, pour sortir de cette idée de la mondialisation heureuse"

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à nous écrire à l'email suivant : apollinelamy@radiofrance.com

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