Brillante intellectuelle, morte à 34 ans, Simone Weil (1909-1943) aura mené plusieurs vies dans sa brève existence : professeure de philosophie, ouvrière, combattante en Espagne, militante de la France libre. Dans tous ces combats, elle cherche "le puissant sentiment de la vie collective".
Simone Weil n’a publié aucun livre de son vivant, mais simplement quelques articles dans des revues militantes. Mais elle écrit énormément, et laisse à sa mort une riche correspondance, et un grand nombre de textes plus ou moins achevés, portant sur la politique, l’actualité, la tragédie grecque, la spiritualité, la religion, et la condition ouvrière. Après avoir décroché l'agrégation de philosophie, elle décide d'ailleurs d'aller travailler à l'usine, d'abord chez Alsthom puis chez Renault, pour se retrouver au plus proche de la réalité des ouvriers.
Il n’y a pas une condition ouvrière, il y en a plusieurs
Ce que découvre Simone Weil dans ses différents engagements, c’est la pluralité intrinsèque de conditions que l’on croyait homogènes. La condition ouvrière, c’est-à-dire non seulement la condition économique et sociale des ouvriers, mais les relations concrètes qu’ils nouent entre eux, ne sont pas les mêmes dans les différentes usines, ne sont pas les mêmes non plus dans la vie usuelle de l’usine et en période de luttes et de grèves. Le travail, pour Simone Weil, est ainsi une expérience de la pesanteur (souffrance du corps, déracinement, fragmentation de la parole), mais peut être aussi, parfois, expérience de la grâce (acquisition du tour de main, joie de la solidarité dans la lutte).
Bibliographie :
Simone Weil, La condition ouvrière, Flammarion, GF, 2022
Simone Weil, Œuvres Payot et Rivages, 2023
Simone Weil, La Pesanteur et la grâce, Gallimard, Pocket, 1991
Simone Pétrement, La vie de Simone Weil, Fayard, 1973
Joël Janiaud, Simone Weil : l’attention et l’action, PUF, 2002
Joël Janiaud, Simone Weil, le malheur et l’invisible, Esprit, 2012, n° 8-9
L'équipe
- Nassim El KabliProduction
- Joséphine BetzerCollaboration