Rénovation du RER B : Quelles conséquences pour les territoires desservis ?

Des usagers montent à bord d'un train régional du RER B à la station Chatelet-les Halles à Paris, le 9 décembre 2019 ©AFP - Aurore MESENGE
Des usagers montent à bord d'un train régional du RER B à la station Chatelet-les Halles à Paris, le 9 décembre 2019 ©AFP - Aurore MESENGE
Des usagers montent à bord d'un train régional du RER B à la station Chatelet-les Halles à Paris, le 9 décembre 2019 ©AFP - Aurore MESENGE
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Alors que les travaux sur la ligne du RER B ont duré trois jours en bloquant totalement la desserte nord parisienne, la Question du jour s'interroge sur les répercutions d'une amélioration du trafic pour les populations desservies. Un RER B amélioré leur sera-t-il uniquement bénéfique ?

Avec
  • Frédéric Gilli Chercheur associé au Centre d’Etudes européennes de Sciences-po et directeur associé de l’agence Campana Eleb Sablic

Les dizaines de milliers de passagers habituels du RER B viennent de subir trois jours entiers de fermeture totale d’un tronçon du nord de la ligne, celui qui relie la Gare du Nord à l'aéroport de Roissy Charles de Gaule ou à l'autre terminus Mitry-Claye. Ces travaux doivent à terme améliorer les voies, doter la ligne d’un nouveau terminus près du Stade de France et mettre en place un train express qui reliera Paris à l’aéroport Charles de Gaulle moyennant un billet à 24 euros.

Frédéric Gilli, économiste, géographe, professeur à l'école urbaine de Sciences Po et directeur associé de l'agence Grand Public, spécialisée dans la concertation et la participation des citoyens. explique que ces travaux "affectent d'abord les habitants de Seine-Saint-Denis et de toute la branche Sud également, dans les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et l'Essonne parce que la ligne RER B est l'axe structurant nord-sud de tout le réseau de transports en commun lourd de la région Ile-de-France."

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Justement, les travaux sont menés la nuit, le soir ou parfois le weekend, voire plus exceptionnellement pendant quelques jours "pour perturber le moins possible le fonctionnement quotidien d'une ligne qui est aujourd'hui la deuxième ligne d'Europe, juste après la ligne A du RER, et qui transporte environ un million de personnes par jour pendant l'été."

Ces habitants ont grand besoin que la ligne soit rénovée, puisque "Le modèle qui a été pensé dans les années 1960-1970 craque", souligne Frédéric Gilli. En effet "il y a deux millions d'habitants en plus dans la région parisienne" tandis que "les investissements d'entretien dans le réseau n'ont pas été faits". La ligne B en l'occurrence est désormais complètement saturée.

La question reste donc de savoir ce que les habitants de l'Ile-de-France peuvent tirer de ces travaux. Par exemple, si "à terme, on va vraiment diminuer le taux d'incidents sur cette ligne B, augmenter la cadence des trains ?" demande Julie Gacon au chercheur. Frédéric Gilli répond : " à court terme, c'est l'enfer. C'est à dire que vous avez des interruptions de trafic". Ce qui affecte particulièrement la Seine-Saint-Denis et les usagers "qui prennent le train très tôt le matin ou très tard le soir", c'est-à-dire " tous les gens qui travaillent en horaires décalés ". A moyen terme cela dit, on peut imaginer que la situation s'améliore, car " les trains seront plus réguliers, plus confortables, on sera moins serrés, il y aura aussi plus de modularité dans les trajets".

Reste enfin la question de savoir quels seront les résultats à long terme. Car cette nouvelle offre de transports "va offrir des espaces pour construire de nouveaux logements." Ce qui risque "d'attirer les parisiens qui ne peuvent plus se loger dans Paris" s'interroge à son tour Julie Gacon.

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