Portrait d’une Angleterre libérale… mais pas très libérée ! : épisode • 2/5 du podcast Avoir raison avec... Harriet Taylor Mill

"An empty marriage", Si William Quiller Orchardson, 1887 ©Getty
"An empty marriage", Si William Quiller Orchardson, 1887 ©Getty
"An empty marriage", Si William Quiller Orchardson, 1887 ©Getty
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Du salaire des femmes aux violences conjugales, comment Harriet Taylor a-t-elle pu défendre la liberté sans pouvoir en jouir complètement ?

Avec
  • Aurélie Knüfer Maître de conférences en philosophie à l'Université Paul Valéry, à Montpellier, spécialiste de l'histoire féministe de la philosophie

Harriet Taylor Mill. Si son nom ne vous dit rien, c’est normal ! Née en 1807, à Londres, Harriet Taylor Mill connaît la malédiction d’être une “femme de…”, celle du philosophe John Stuart Mill, connu pour ses écrits sur le libéralisme et sur l’assujettissement des femmes. 
Deux sujets dans l’air de leur temps et à propos desquels John Stuart Mill dira qu’Harriet en était l'inspiratrice. Mais qu’en a-t-elle dit elle-même ?
Pour évoquer ces questions, Géraldine Mosna-Savoye reçoit Aurélie Knüfer, maître de conférences en philosophie, membre de l'Institut Universitaire de France, et qui prépare un colloque sur Harriet Taylor Mill en 2025 à l'Université Paul Valéry, à Montpellier.

Nous écoutons un extrait de l'autobiographie de John Stuart Mill (1806-1873), datant de 1873, qui nous dit que le texte, On liberty - Sur la liberté - a été écrit en commun avec Harriet Taylor Mill. Or leur rencontre remonte bien avant, en 1830. Aurélie Knüfer évoque pour nous cette rencontre.

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"C'est un passage très important de l' Autobiographie de John Stuart Mill, dans lequel il revient en général sur sa collaboration avec Harriet Taylor depuis leur rencontre en 1830, et il indique que ce travail commun a été croissant jusqu'à la rédaction à quatre mains de On liberty. Leur travail commence dès les années 30, et tous deux sont issus d'une famille politique très proche. John Stuart Mill a été formé notamment par son père à l'utilitarisme, et il évolue dans un milieu intellectuel progressiste, radical ; quant à Harriet Taylor, on connaît moins son éducation politique, mais on sait qu'elle fréquentait avant de rencontrer John Stuart Mill, des milieux progressistes, dits unitariens à Londres aussi,  où se croisaient des féministes, des intellectuels et intellectuelles progressistes, et c'est par ce biais qu'ils se rencontrent". Aurélie Knüfer

"John Stuart Mill tient à préciser dans son Autobiographie que ce n'est pas de Harriet Taylor qu'il a pris goût ou  découvert le féminisme, mais qu'à l'inverse, ce serait ses propres idées féministes qui auraient suscité l'intérêt d'Harriet Taylor pour lui. Il a été sensible à la cause des femmes  dès la fin des années 20, notamment en opposition à son père, James Mill, le philosophe et théoricien qui n'était pas favorable à l'extension du suffrage universel aux femmes. John Stuart Mill prend très tôt le contrepied de son père, et dès sa rencontre avec Harriet Taylor, en effet la question des femmes, du droit des femmes, des violences conjugales vont les intéresser - et c'est une très grande partie de leurs intérêts théoriques, philosophiques, politiques."

"Dans les années 40, vont être publiés une série d'articles co-signés, mais dont John Stuart Mill dira qu'ils sont principalement du fait de Harriet Taylor - même s'il est toujours difficile de déterminer qui a écrit quoi - pour évoquer cette question des violences conjugales, et notamment des réactions juridiques, législatives à ce problème qui tient à la structure même du mariage qui fait de la femme la propriété de l'homme (...)." Aurélie Knüfer

Les Nouvelles de l'éco
3 min

L'émission est à écouter dans son intégralité en cliquant sur le haut de la page.

Bibliographie :

Aurélie Knüfer, La philosophie de John Stuart-Mill : Repères, éd. Vrin 2021

Aurélie Knüfer, Intervention et libération d'Edmund Burke à John Stuart-Mill, éd. Classiques Garnier 2017

John Stuart-Mill et Harriet Taylor : Ecrits sur l'égalité des sexes. Textes traduits et présentés par Françoise Ozari, éd. ENS Coll les fondamentaux du féminisme, 2014.

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