1960 est l'année de l'achèvement de "Vie et destin", chef d'œuvre de Vassili Grossman. C'est certes un roman de guerre situé autour de la bataille de Stalingrad entre 1942 et 1943, mais c'est aussi le récit de deux totalitarismes affrontés, le face-à-face de deux formes de destruction de l'humanité.
- Yaël Pachet Auteure
- Luba Jurgenson Professeur de littérature russe à l'Université Paris-Sorbonne et écrivain
- Olivier Rolin Écrivain
Vie et Destin est paru pour la première fois en 1980 aux éditions L'Age d'homme et traduit en français par Alexis Berelowitch et Anne Coldefy-Faucard. C'est aussi le destin d'un ouvrage séquestré par la censure pendant près de 20 ans et miraculeusement sauvé.
La pluralité des voix dans "Vie et Destin"
Dès l'ouverture de Vie et Destin, on est dans un camp de concentration allemand dans lequel se retrouvent tout ces personnages de déportés. L'histoire est centrée sur la famille Chapochnikov et notamment sur le personnage de Victor Strum, physicien nucléaire. La traductrice Luba Jurgenson précise le procédé de transposition : "c'est un procédé assez courant dans la littérature soviétique, qui consiste à situer ailleurs ce qui se passe dans le pays, pour pouvoir en parler". Il y a cette comparaison entre la terreur soviétique et nazie, ces propos sont tenus par un personnage de nazi dans Vie et Destin. Yaël Pachet analyse le processus de lecture et le lien à la vérité, citant la philosophie de Claude Lefort.
Olivier Rolin retrace cette épopée qui comporte à la fois une dimension de philosophie politique à travers l'histoire du communisme soviétique et une grande subtilité romanesque.
"Dans le camp de concentration allemand, Mikhaïl Sidorovitch Mostovskoï eut l'occasion, pour la première fois depuis le IIe Congrès du Komintern, d'utiliser sa connaissance des langues étrangères. Avant-guerre, à Leningrad, les occasions de parler à des étrangers étaient rares. Il se souvenait maintenant de ses années d'émigration à Londres et à Genève, où, dans les milieux révolutionnaires, on parlait, discutait, chantait dans presque toutes les langues d'Europe. Son voisin de châlit, un prêtre italien du nom de Guardi avait annoncé à Mostovskoï que la population du camp comptait cinquante-six nationalités".
Les invités du jour :
- Yaël Pachet, romancière, autrice Le peuple de mon père aux éditions Fayard
- Luba Jurgenson, traductrice notamment de Pour une juste cause aux éditions Calmann-Levy, professeure.
- Olivier Rolin, romancier, auteur de Vider les lieux aux éditions Gallimard
Générique :
Comédienne : Elodie Huber
Musique : Les cabans noirs de Vladimir Vyssotski
Bibliographie :
Pour une juste cause de Vassili Grossman aux éditions Calmann-Lévy
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