"La Storia" d'Elsa Morante : épisode du podcast Les romans qui ont changé le monde

Portrait d'Elsa Morante, dans les années 1960. ©Getty - Reporters associés - Gamma-Rapho
Portrait d'Elsa Morante, dans les années 1960. ©Getty - Reporters associés - Gamma-Rapho
Portrait d'Elsa Morante, dans les années 1960. ©Getty - Reporters associés - Gamma-Rapho
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"La Storia" c'est la fresque de l'Italie, des années de guerre et de l'immédiat après-guerre, vue depuis Rome et ses quartiers de San Lorenzo, Testaccio et du ghetto. C'est aussi le destin de leurs habitants, les juifs déportés, ceux qui rejoignent les partisans ou qui se rallient aux fascistes.

Avec
  • Simonetta Greggio Ecrivain, productrice à France Culture
  • Frédéric Attal Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Valenciennes
  • Andréa De Ritis Traducteur, libraire

La Storia paraît en Italie en 1974. Les chapitres sont tous précédés d'un panorama historique qui raconte les événements des années 1941 à 1947. Le roman débute par la déambulation du soldat allemand Gunther dans les rues de Rome, qui s'apprêt à violer Ida ; viol dont naîtra Giuseppe. C'est un roman urbain dans lequel la ville de Rome est un personnage, et qui nous fait découvrir le quartier populaire de San Lorenzo.

Une fresque de la Rome de l'époque

Frédéric Attal rappelle les origines juives d'Ida et poursuit : "Ida est fascinée par un judaïsme qu'elle doit rejeter parce qu'elle a peur pour ses enfants ; le roman décrit la souffrance de ces juifs du ghetto qui vont être déportés." Simonetta Greggio prolonge cette analyse : "J'adore les personnages de La Storia parce que chacun est une sorte de porteur d'un message, Elsa Morante ne laissait rien au hasard ; chacun d'entre eux est une partie d'elle-même qui est en train de nous dire quelque chose qu'elle trouve essentiel." La Storia c'est aussi un grand roman de l'enfance en temps de guerre et d'après-guerre. Andréa De Ritis retrace le contexte et le succès de La Storia au moment de sa parution, au moment où les artistes Calvino et Pasolini adoptent une position très critique à l'égard de son oeuvre.

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"Pour dire la vérité, la seule chose que, d'instinct, Gunther était en train de chercher en ce moment par les rues de Rome, c'était un bordel. Non tant par une envie urgente et irrésistible, que, plutôt, parce qu'il se sentait trop seul ; et il lui semblait que c'était uniquement dans un corps de femme, en se noyant dans ce nid chaud et amical qu'il se sentirait moins seul. Mais pour un étranger de sa condition et de l'humeur farouche et sauvage qui était la sienne, il y avait peu d'espoir de découvrir un tel refuge dans les parages à cette heure-là et sans le moindre guide. Et on ne pouvait pas non plus compter pour lui sur la chance d'une rencontre de rue occasionnelle : car bien qu'étant devenu, presque sans s'en rendre compte, un bel adolescent, le soldat Gunther, était encore plutôt inexpérimenté et, au fond, même timide".

Les invités du jour :

  • Simonetta Greggio, romancière, traductrice. Auteure de  Elsa mon amour aux éditions Flammarion
  • Andréa De Ritis, traducteur, libraire à La Libreria dans le 9e arrondissement de Paris
  • Frédéric Attal, professeur des universités, spécialiste des échanges universitaires et intellectuels

Générique :

Comédienne : Elodie Huber

Musique : Aria di rivoluzione de Franco Battiato et La Storia de Francesco De Gregori

Archive : Entretien avec Elsa Morante, au micro de Jean-Noël Schifano, en 1984.

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