Pourquoi le CAC 40 enregistre-t-il des bénéfices record en pleine inflation ?

Vue surélevée des gratte-ciel illuminés du quartier financier de La Défense et de l'avenue des Champs-Élysées au crépuscule, Paris, France ©Getty - Alexander Spatari
Vue surélevée des gratte-ciel illuminés du quartier financier de La Défense et de l'avenue des Champs-Élysées au crépuscule, Paris, France ©Getty - Alexander Spatari
Vue surélevée des gratte-ciel illuminés du quartier financier de La Défense et de l'avenue des Champs-Élysées au crépuscule, Paris, France ©Getty - Alexander Spatari
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Alors que le consommation des ménages est en berne, le CAC 40 a enregistré ce premier semestre 2023 des profits sans précédent, frôlant les 80 milliards d'euros. Pourquoi de tels bénéfices ? Quel est leur impact sur l'ensemble de l’économie française ?

Avec
  • Eric Berr Maître de conférence en économie à l'université de Bordeaux

Jamais les entreprises du CAC 40 n'avaient enregistré autant de bénéfices qu'en cette année 2023. Près de 80 milliards d'euros de bénéfices au premier semestre, alors même que l'inflation a non seulement pesé dans leurs dépenses, mais aussi dissuadé ceux qu'on appelle ménages d'acheter le superflu. La consommation a chuté de plus de 11 % sur les six premiers mois de l'année d'après l'Insee.

Dans ce contexte, comment se fait-il que le CAC 40 a pu enregistrer ces bénéfices records ? De quelle façon contribue-t-il à nourrir à son tour l'inflation ? C'est la question du jour avec Eric Berr, maître de conférences en économie à l'université de Bordeaux et auteur de La dette publique. Précis d'économie citoyenne (Seuil, 2021)

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Le pouvoir de marché des entreprises

Eric Berr explique ces bénéfices records des entreprises du CAC40 par le pouvoir d'influence qu'ils sont sur les marchés : "dans ce capitalisme financiarisé où l'on a une concentration de plus en plus grande, on a un nombre moins important de grandes entreprises. Elles ont un pouvoir sur les prix et donc le pouvoir de les augmenter au-delà des hausses de coûts qu'elles ont subi elles aussi avec l'inflation."

Des profits qui alimentent l'inflation

Selon l'économiste, cette hausse des bénéfices joue un rôle important dans la hausse générale des prix. Il parle de "spirale prix-profit" : "Depuis fin 2021 début 2022, l'inflation est expliquée à peu près à hauteur de 50 % par an par la hausse des profits. Cela monte même à 70 % sur sur le début de l'année 2023."

Il observe du reste que ces profits ont, certes, "été utilisés pour l'investissement productif, mais ils ont aussi beaucoup servi à la distribution de dividendes". Les salaires, quant à eux, ont plutôt tendance à baisser, ce qui pourrait avoir un effet négatif sur la demande sur le long terme : "les salaires réels ont baissé de 2 % en 2022 et vont continuer à baisser", prévoit le chercheur.

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