"Les livres de Jakob" de Olga Tokarczuk : épisode du podcast Les romans qui ont changé le monde

Olga Tokarczuk à Sarlerne en Italie, en juin 2021 ©Getty - Ivan Romano
Olga Tokarczuk à Sarlerne en Italie, en juin 2021 ©Getty - Ivan Romano
Olga Tokarczuk à Sarlerne en Italie, en juin 2021 ©Getty - Ivan Romano
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En 2014, année de la parution en Pologne du roman "Les livres de Jakob", l'autrice polonaise Olga Tokarczuk proposait un voyage aux côtés de Jakob Frank, le "messie" d'une secte juive hérétique. Retour sur ce roman géographique qui transporte ses lecteurs dans une vie de lutte contre l'oppression.

Avec

Les livres de Jakob, paru aux éditions Livre de poche en 2021 - et aux éditions Noir sur blanc en 2018 avec une traduction de Maryla Laurent, c'est le roman du 18ᵉ siècle de l'est de l'Europe, un roman gigantesque de 1 000 pages, centré sur la figure de Jakob Frank, messie des Juifs, et, à travers elle, une évocation passionnante et démesurée des territoires compris entre la mer Baltique et l'Empire ottoman, entre Lublin et Istanbul, où l'on croise des dizaines de personnages, tous historiques ou peu s'en faut, dressant un tableau incroyablement vivant de ce siècle des Lumières orientales, comme si le carrosse d'une eau-forte se mettait soudain à bouger devant nous pour nous emporter vers Salonique. Les livres de Jakob possède ainsi un sous-titre des plus éloquents : Le grand voyage à travers sept frontières, cinq langues, trois grandes religions et d'autres moindres.

Un roman construit autour d'un voyage

Maryla Laurent, traductrice de l'ouvrage, retrace le processus d'écriture d'Olga Tokarczuk : "C'est une image, quand ses tableaux s'imposent à elle, elle les écrit. En polonais, c'est une écriture tellement précise et imagée". Mathieu Larnaudie précise la construction du roman : "La narratrice Ienta c'est une création à la fois littéraire et narrative absolument magnifique ; son regard se promène, c'est un souffle qui passe d'un espace et d'un temps à l'autre et qui permet de faire le lien entre toutes ces pièces du puzzle et que le lecteur circule avec elle."

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Jean-Yves Potel poursuit avec la richesse et variété des personnages, il raconte : "Olga Tokarczuk avait fait une espèce de géographie de son roman, qui était un grand rouleau de plusieurs mètres, sur lequel il y avait tous ces personnages et tous leurs noms, leur surnoms qui changeaient selon les époques, elle-même s'y perdait et cela fait aussi partie du plaisir de ce livre que de se perdre entre ses personnages".

Extrait :

"C'est jour de foire et le carrosse à suspension, couleur saumon à fioritures dorées, avec le blason des Potocki peint sur les portières, mené par un cocher assis sur son siège et accompagné de cavaliers en uniforme chatoyant, provoque un émoi peu banal dès les abords de la petite ville. Il s'arrête sans cesse, car la route est encombrée de piétons et de bêtes. A rien ne sert le fouet qui claque au-dessus des têtes. Dissimulées dans l'habitacle comme dans un coquillage précieux, les deux femmes voguent à travers les eaux tumultueuses de la foule multilingue et enfiévrée".

Les invité.es du jour :

Mathias Enard reçoit :

Générique :

Comédienne : Elodie Huber

Musique :

Quadrille N°1 en fa mineur* par l'Orchestre du Bélarus
Romance : por que llorax de Hespèrion XXI - Jordi Savall et Montserrat Figueras

Archive :

"L'heure bleue" sur France Inter, entretien avec Olga Tokarczuk, 27 novembre 2019

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