Restos du cœur : pourquoi l’État délègue-t-il l’aide alimentaire aux associations ?

70 000 bénévoles et 142 millions de repas distribués - les Restos du cœur pourraient, malgré une mobilisation importante, devoir fermer d'ici trois ans ©AFP - Nicolas TUCAT
70 000 bénévoles et 142 millions de repas distribués - les Restos du cœur pourraient, malgré une mobilisation importante, devoir fermer d'ici trois ans ©AFP - Nicolas TUCAT
70 000 bénévoles et 142 millions de repas distribués - les Restos du cœur pourraient, malgré une mobilisation importante, devoir fermer d'ici trois ans ©AFP - Nicolas TUCAT
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15 millions d'euros : c'est la somme que le gouvernement va débloquer pour aider les Restos du cœur à sortir de l'impasse financière. Pourquoi les associations d'aides alimentaires se trouvent en difficulté et quelles solutions envisager sur le long terme ?

Avec
  • Bénédicte Bonzi Doctorante en anthropologie à l'EHESS

Un système alimentaire défaillant

"Notre système alimentaire est défaillant, les producteurs ne peuvent pas vivre de leur travail et les personnes n'ont pas accès à une alimentation de qualité", explique Bénédicte Bonzi.

L'inflation impacte aussi bien les consommateurs qui ne peuvent plus subvenir à leur besoin, que les associations qui sont désormais contraintes de limiter leur distribution, faute de moyens. Selon Bénédicte Bonzi, l'aide alimentaire est devenue un des piliers du système alimentaire et ne répond plus à sa mission initiale : "Coluche nous disait qu'il n'était pas normal que, dans 'le pays de la bouffe', il n'y ait pas assez à manger pour tout le monde."

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Le bénévolat : un modèle économique à bas coût

Bénédicte Bonzi décrit la souffrance des bénévoles qui fournissent du travail gratuit et de qualité, sans pour autant avoir les moyens d'agir contre la précarité "c*'*est une forme d'utilitarisme, on utilise les bénévoles à d'autres fins que celles qu'ils voudraient avoir eux-mêmes, car s'ils permettent de restaurer la dignité, ils ne peuvent pas restaurer la justice". Pour l'anthropologue, déléguer l'aide alimentaire aux associations signifie que "l'État providence n'existe plus. Le filet de sécurité de notre société se délite complètement."

Bénédicte Bonzi voit par ailleurs une menace dans le don que Bernard Arnault a adressé aux Restos du Cœur "ce don est ostentatoire. Sur les médias, on ne va pas saluer la générosité un par un des bénévoles des Restos du Cœur, mais on va souligner ces mécènes qui vont orienter la politique alimentaire et ce que mangent les plus démunis d'entre nous".

Sans oser le demander
58 min

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