France Culture et l'Obs s'associent pour la rentrée littéraire 2023. Cette année, 466 nouveaux romans sont attendus entre le 16 août et la fin octobre. Découvrez notre sélection de coups de cœur littéraires.
- Jérôme Garcin Journaliste et romancier
- Elisabeth Philippe Critique littéraire (L'Obs)
- Arnaud Laporte Producteur de l'émission "Affaires culturelles" sur France Culture
- Oriane Delacroix Collaboratrice à France Culture
- Marie Richeux Productrice de l'émission "le Book Club" sur France Culture et écrivaine
La rentrée littéraire 2023 de France Culture et de L’Obs. Les choix de Jérôme Garcin et Elisabeth Philippe pour L’Obs, et d' Arnaud Laporte, Oriane Delacroix et Marie Richeux pour France Culture.
Les 5 choix de France Culture
- Western, Maria Pourchet (Stock)
Avec une écriture d’une vivacité sidérante, Maria Pourchet signe une satire de notre époque bien plus sombre qu’il n’y paraît, et livre – avec un sens certain du tragique mêlé d’un humour ravageur – une réflexion sur le désir, la violence et la liberté. Marie Richeux souligne "la capacité de l'autrice à s'emparer de sujets contemporains, qui sont des sujets qui blessent. Maria Pourchet parvient, par le pouvoir même de la fiction, à nous aider à nuancer notre pensée, notre regard sur ce qui se passe, à sortir un peu des invectifs, des anathèmes, des préjugés aussi.".
- L’enfant dans le taxi, Sylvain Prudhomme, (Minuit)
À la mort du grand-père Malusci, sur les traces duquel le narrateur était parti dans un précédent livre, un secret de famille remonte à la surface. L’écrivain mène l’enquête et tente de combler les silences, avec douceur, délicatesse et une singulière mélancolie. Oriane Delacroix relève : "ce livre nous invite à réfléchir à comment faire famille, à comment cette douceur s'imprime et reste dans le temps."
- Nevada, Imogen Binnie (Gallimard)
Paru en 2013 aux Etats-Unis, Nevada est un premier roman, devenu culte dès sa sortie et enfin traduit en français. Road-movie géographique et intérieur, le roman raconte sans fard, avec sensibilité et beaucoup d’humour, la complexité d’une transition de genre. "Il est considéré comme un roman précurseur écrit par la première autrice de fiction trans. C'est le premier livre d'une autrice trans publiée à relativement grande échelle aux Etats-Unis, mettant en scène des personnages trans," explique Oriane Delacroix. Elle ajoute que "le road-trip géographique vient prendre le relai du déplacement intime de la transidentité".
- Rocky, dernier rivage, Thomas Gunzig (Au Diable Vauvert)
On peut tout prévoir, et n’avoir rien prévu. Réfugiés sur une île pour fuir l’ultime pandémie, celle qui ravagea notre monde, un couple et leurs deux enfants en font la terrible expérience. Un roman à l’écriture toujours précise, qui nous emporte au bout du suspense. "Thomas Gunzig aborde un sujet ancien et éternel : comment s'aimer quand on vient de la même famille ?" relève Arnaud Laporte. Le producteur de l'émission Affaires Culturelles sur France Culture apprécie "qu'il n'y ait pas d'effet de manche stylistique, l'auteur a une écriture simple, directe et précise".
- L’épaisseur d'un cheveu, Claire Berest ( Albin Michel)
Après une descente très progressive aux enfers, le correcteur d’une maison d’édition va sombrer dans une folie meurtrière. Claire Berest nous offre une plongée dans un cerveau malade, pour un roman qui est aussi le récit minutieux de la désagrégation d’un couple. "Il y a beaucoup de jeux sur la langue : le personnage principal voit des mots en couleurs. Il a un rapport pathologique aux habitudes, à la musique qui est intéressant", précise Arnaud Laporte.
Les 5 choix de L'Obs
- L’amour, François Bégaudeau (Verticales)
Jacques et Jeanne se rencontrent dans les années 70, s’aiment, se marient, ont un enfant et vieillissent ensemble. En quatre-vingt-dix pages, François Bégaudeau, avec une tendresse inédite, retrace les cinquante ans de vie commune de deux cœurs simples. Pour Marie Richeux, "c'est une belle histoire que, finalement, on a peu l'habitude de lire parce que ce n'est pas un amour passionnel. C'est un mélange de "Un Cœur simple" de Flaubert, et "Des Choses" de Perec. C'est politique car il décrit une forme de compagnonnage amoureux qui n'est peut-être plus dans l'ère du temps, et montre comment on peut tenter de le vivre."
- La foudre, Pierric Bailly (P.O.L.)
À la veille de partir s’installer à La Réunion, un berger du Haut-Jura, région natale de Pierric Bailly, découvre dans le journal que son camarade d’autrefois est devenu un assassin. Il va mener sa propre enquête et vivre une impossible histoire d’amour. Foudroyant. "L'écriture de Paul Bailly est d'une finesse, d'une intelligence rare" d'après Jérôme Garcin. Le journaliste souligne qu'il s'agit de "l'histoire d'un homme du froid, qui n'est pas fait pour les brûlures de la vie, pour les brûlures de l'amour, pour ce qu'il y a de plus violent entre un homme et une femme".
- Stupeur, Zeruya Shalev (Gallimard)
L’Israélienne Zeruya Shalev ausculte la vie intime de deux femmes qui se découvrent une parenté inattendue. Un magnifique portrait de Rachel, qui combattit les Anglais avant la naissance de l’état d’Israël, et dont le premier et seul amour a été sacrifié dans ce combat pour la liberté. "Je trouve magnifique la façon dont la romancière tisse l'histoire du pays à celle de ces deux femmes, leur histoire font échos au paysage d'Israël", salue Elisabeth Philipe.
- L’échiquier, Jean-Philippe Toussaint (Minuit)
En 64 chapitres, autant que de cases d’un échiquier, l’auteur de La salle de bain se lance dans une passionnante partie autobiographique, où son père occupe une place prédominante, en même temps qu’il livre une nouvelle traduction du Joueur d’échecs, de Zweig. "Le livre raconte comment de case en case sur l'échiquier, le narrateur devient le fils de son père", résume Jérôme Garcin.
- Proust, roman familial, Laure Murat (Robert Laffont)
Longtemps, Laure Murat, issue des très aristocrates familles Luynes et Murat, a cru que les personnages de Proust étaient des parents. Puis, elle a lu La Recherche et sa vie en a été transformée. Un récit d’une folle intelligence sur le pouvoir de la lecture. Pour Elisabeth Philippe, "le récit est mené de façon extrêmement intelligente, érudite et drôle. Laure Murat nous offre une lecture fine et située de la Recherche du temps perdu".
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