La double peine des plus pauvres : épisode • 3/4 du podcast Cancer : la nouvelle ère

La double peine des plus pauvres. ©Getty - Dusan Stankovic
La double peine des plus pauvres. ©Getty - Dusan Stankovic
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Si les traitements sont de plus en plus efficients, les cancers touchent de façons très différentes les patients selon leur origine sociale.

Le lien est établi entre un environnement socio-économique défavorisé et l’augmentation du risque de cancer. La sociologue Aurore Loretti, explique, par ailleurs, que les délais de diagnostics pour les cancers sont assez variables en fonction du milieu social : “Les patients de classe populaire arrivent souvent avec des lésions qui sont assez avancées, ce qui a des vraies conséquences, parce que plus un cancer est avancé, moins on a d'options thérapeutiques à proposer à ces patients. Donc, dans les classes populaires, dès l'entrée dans la maladie, il y a une perte de chances à cause de ce retard au diagnostic.

Le cancérologue, Daniel Nizri, analyse l’un des freins au diagnostic des cancers dans les classes populaires : “C'est une maladie taboue qui dans l'esprit de tout le monde est corrélée à un pronostic très défavorable. Cela fait peur. Deuxièmement, ce qui peut faire également peur, ce sont les conséquences de la maladie, à savoir les conséquences par rapport à la vie familiale, affective, professionnelle, la perte de l'emploi, la mise en difficulté de toute une cellule familiale parce que la personne va devoir être traitée.”

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Après le diagnostic, quand vient le temps du soin, là encore, les plus pauvres restent les moins armés pour se battre : ils sont plus nombreux à ne pas bénéficier d’une complémentaire santé, à devoir faire des avances de frais ou encore à devoir déménager pour se rapprocher d’un hôpital.

Pour eux, le cancer est synonyme de paupérisation. Pour comprendre ces inégalités qui touchent entre 2 et 10 millions de personnes en France selon les critères retenus, nous sommes dans cet épisode à l’hôpital Delafontaine (Saint-Denis, 93), dans la consultation de Laetitia Gaujal. Ici, 15 % des patients dépendent de l’aide médicale d’État. Contrairement aux autres régimes d’assurance sociale, l’AME ne permet pas de bénéficier des programmes de dépistages organisés. Conséquence : les patients arrivent dans le service à un stade avancé, avec des chances de survies moindre.

Un documentaire de Rémi Dybowski Douat, réalisé par Anne Depelchin.

Avec :

Dr Laetitia Gaujal, chirurgienne gynécologue et obstétricienne, spécialisée dans la prise en charge des cancers du sein au Centre hospitalier de Saint-Denis,

Aurore Loretti, docteure en sociologie et maîtresse de conférences au Centre d’Éthique Médicale (CEM) du Laboratoire Ethics (EA 7446) à l’Université Catholique de Lille

Daniel Nizri, cancérologue, président de la Ligue nationale contre le cancer

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