Que devient le groupe Wagner depuis la mort de Prigojine ?

La classification du groupe Wagner comme "organisation terroriste" au Royaume-Uni laisse entendre, d’une part, que l’organisation Wagner ne s’est pas éteinte avec ses chefs, et d’autre part, que les exactions et actions criminelles commises par le groupe seront désormais condamnées d’une main plus ferme. Le Kremlin a-t-il déjà repris le contrôle de Wagner ? Que sait-on de ses activités sur ses terrains d’intervention, notamment en Afrique ?

Avec Lou Osborn, membre du collectif “All Eyes on Wagner”, co-autrice avec Dimitri Zufferey de : Wagner. Enquête au cœur du système Prigojine, publié aux Éditions du Faubourg, à paraître le 15 septembre prochain.

Les sociétés paramilitaires, un instrument stratégique pour le Kremlin

Le décès du chef de Wagner Decision laisse supposer que des restructurations à propos du déploiement de la société paramilitaire. Néanmoins, Lou Osborn affirme que "le concept de Wagner, ce qui a été créé, les expériences qui ont été faites avec, sont bien utiles pour le Kremlin et pour poursuivre son influence. On pense qu'il va continuer sous une forme ou une autre. Le groupe Wagner a servi de paravent pour la Russie, afin d'intervenir dans des pays où elle n'était pas censée être présente officiellement. Cela lui permet de conduire des opérations militaires, de pousser des régimes qui lui sont favorables au pouvoir sans être officiellement derrière."

L'utilité des sociétés paramilitaires est d'autant plus actuelle dans un contexte d'invasion russe en Ukraine, explique Lou Osborn : "depuis le début de la guerre en Ukraine, on a vu l'émergence d'autres groupes paramilitaires. Donc, de façon très concrète, le Kremlin va continuer à utiliser des groupes qui ne sont pas directement affiliés à l'armée pour son offensive, ça, c'est la première chose." Par ailleurs, elle affirme que le groupe Wagner a joué un rôle fondamental dans la propagande au sein du pays pour légitimer l'offensive en Ukraine.

La nébuleuse Wagner en Afrique : des liens étroits avec des acteurs politiques

Selon Lou Osborn, le groupe Wagner a réussi à tisser des liens solides avec des acteurs africains tels que Kémi Séba. Le militant panafricain aurait reçu des financements de la part du groupe Wagner dans le cadre d'un projet politique et d'influence au service du Groupe Wagner. La proximité du groupe avec des acteurs politiques africains aurait, selon Lou Osborn, eu un impact sur la vie politique du continent : "c'est intéressant de voir que quelqu'un qui est payé par Yevgeny Prigojin arrive à tisser un réseau de contact qui, à un moment donné, joue un rôle moteur dans la mobilisation des masses contre le camp occidental."